Analyse : Bank Al-Maghrib vient d’émettre quatre documents de recherche dont un traçant l’évolution de l’inflation au niveau national. Retour sur les principaux constats tirés.
Bank Al-Maghrib analyse les déterminants de l’inflation au Maroc durant la dernière décennie. Un document de recherche a dans ce sens été consacré à ce sujet. Le but étant d’apporter un éclairage sur la contribution de la croissance, de la persistance de l’inflation importée des anticipations de l’inflation et de la politique monétaire à l’évolution des prix domestiques. « Depuis la crise financière internationale de 2007, le Maroc a connu une période prolongée d’inflation modérée, accompagnée d’une atonie de l’activité économique et d’une baisse des taux d’intérêt. Mais à partir de l’année 2022, cette tendance commence à s’inverser et l’inflation affiche une hausse continue dans un contexte de fortes pressions sur les prix des matières premières et de tensions géopolitiques au niveau mondial », peut-on relever dans ce sens.
En établissant une rétrospective, le taux d’inflation est revenu d’une moyenne de 6,2 à 1,6% sur la période 1996-2005. Une certaine hausse a été observée entre 2006 et 2008. Elle résulte, selon le document de recherche de Bank Al-Maghrib, du renchérissement des prix des matières premières. Ce n’est qu’à partir de 2009 que l’inflation est revenue à un taux moyen de 1,1 %, rappelant que cette période a été marquée par un contexte post-crise financière internationale.
A partir de la fin de l’année 2021, l’étude démontre que l’inflation a progressivement connu un retournement passant de taux modérés à des niveaux peu observés depuis plusieurs années. « Cette nouvelle dynamique des prix relève de la conjonction de plusieurs forces. Les tensions géopolitiques causées par la guerre en Ukraine ont significativement impacté les cours des matières et des produits alimentaires», peut-on relever dans ce sens. Et d’ajouter que «d’autres facteurs ont accentué les répercussions de ces tensions à l’instar de la sècheresse, des perturbations des chaînes mondiales d’approvisionnement, des politiques protectionnistes décidées par certains pays pour se prémunir contre les risques de pénurie et des sanctions imposées à la Russie». Notons que sur le point méthodologique, le document de recherche de Bank Al-Maghrib a articulé son analyse autour de la courbe de Phillips qui se veut un modèle « standard » qui analyse la dynamique de l’inflation en fonction de trois composantes : l’activité économique, l’inflation passée et les anticipations d’inflation.
Cette approche a été complétée par une analyse des relations causales. L’idée étant d’évaluer la contribution des différents chocs structurels d’origine externe, de demande, d’offre et de politique monétaire à la dynamique des prix. Quatre constats ont été tirés dans ce sens. Il ressort que la demande domestique impacte de plus en plus faiblement l’évolution de l’inflation. De même, la dynamique de l’inflation est essentiellement influencée par son passé (persistance).
L’étude relève également que dans le sillage de l’accélération de l’intégration du Maroc à l’économie mondiale, le rôle des facteurs externes s’est considérablement consolidé. Il en résulte par ailleurs que les anticipations d’inflation sont de plus en plus influentes, et ce eu égard aux mutations qu’a connues le cadre de politique monétaire.