Amoureux fou d’une jeune fille, il n’a jamais imaginé qu’elle l’abandonnerait un jour et de surcroît pour un autre.
Pour la majorité des mis en cause qui comparaissent en état d’arrestation devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, clamer son innocence est la règle. Mais ce jeune homme, âgé de trente-et-un ans, poursuivi pour meurtre, ne cherche pas à se disculper. Il avoue son crime d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens tout en sachant qu’il risque une lourde peine d’emprisonnement. En effet, les dispositions de l’article 393 du code pénal stipulent que «le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié d’assassinat et puni de la peine de mort» et que l’aveu est considéré comme la reine des preuves. Conscient de tout cela, il persiste à avouer son crime qui a coûté la vie à son voisin, âgé de vingt-deux ans et est prêt à en payer les frais, affirme-t-il à la Cour qui lui demande de lui expliquer comment et pour quel mobile il l’a tué.
Son histoire remonte à trois ans lorsqu’il a contracté une relation amoureuse avec une jeune fille qui demeure non loin de chez lui. Ils filaient le parfait amour. C’est du moins ce que leurs voisins remarquaient puisqu’ils se rencontraient souvent devant tout le monde et paraissaient heureux. Ils prétendaient qu’ils étaient fiancés. Cependant, devant la Cour, le mis en cause affirme qu’il ne l’a jamais demandée en mariage mais leur relation amoureuse était tellement forte qu’elle ressemblait à un lien conjugal. Seulement, les comportements de l’amante ont changé une année et demie plus tard. Que s’est-il passé ? lui demande-t-il. Pas de réponse. Pire encore, sans crier gare, elle l’abandonne définitivement. C’est à ce moment qu’il perd la tête surtout qu’il apprend qu’elle a entretenu une nouvelle relation avec un jeune homme, leur voisin du quartier. Il l’appelle au téléphone – puisqu’elle ne voulait plus le rencontrer- pour lui demander des explications. Sa réponse est sans ambages : son nouvel amant a l’intention de l’épouser le plus tôt possible. Une nouvelle qui le rend fou furieux. Aussitôt, il choisit une solution radicale, à savoir liquider le jeune homme qui a pensé l’épouser.
Le jour «J», il s’est armé d’un couteau et s’est planté à l’entrée de la rue où demeurait le jeune homme guettant son arrivée. Vers 20h, sans lui adresser la moindre parole, il se jette sur lui comme un fauve sur sa proie et commence à le cribler de coups. Il ne s’arrête qu’une fois les voisins interviennent. Seulement, l’irréparable s’est déjà produit car la victime a rendu l’âme. Le mis en cause a été arrêté.
Verdict : Jugé coupable, il a bénéficié des circonstances atténuantes et a écopé de trente ans de réclusion criminelle.