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Finances publiques : vers une rallonge budgétaire supplémentaire

De nouveaux crédits seront ouverts pour atteindre la valeur de 10 milliards de dirhams annoncés lors du dernier Conseil des ministres. (D.R)

Finances : Des crédits supplémentaires sont attendus. Alors que le gouvernement vient d’adopter un décret pour une rallonge budgétaire, le ministre délégué chargé du budget n’exclut pas le recours à l’ouverture de nouveaux crédits dans une intervention devant les parlementaires.

Après une première salve de 10 milliards de dirhams décidée par le gouvernement dans le cadre d’une rallonge budgétaire, des crédits supplémentaires sont attendus prochainement. Dans le cadre d’une réponse à une question centrale sur «la situation des finances publiques» lors de la séance hebdomadaire des questions orales à la deuxième Chambre parlementaire, le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a affirmé que les crédits ouverts sont préliminaires puisque d’autres crédits seront ouverts pour atteindre la valeur de 10 milliards de dirhams annoncés lors du dernier Conseil des ministres. Selon la même source, cette enveloppe sera orientée principalement vers la subvention des aliments importés destinés au bétail ainsi que la volaille sans oublier le soutien aux intrants agricoles dans le but de baisser les coûts de production des fruits et légumes. Il est également question du renforcement des capacités de financement du Crédit Agricole du Maroc pour élargir son intervention en soutien aux agriculteurs.

L’ouverture de ces nouveaux crédits a été rendue possible grâce à un bon comportement des recettes fiscales. (D.R)

Le budget de 10 milliards servira en partie, également, à l’importation du blé tendre dans l’objectif de sécuriser l’approvisionnement du marché en blé tendre jusqu’au mois de décembre 2023. Comme précisé plus haut, une première rallonge budgétaire a été actée il y a quelques jours. «Tenant compte des marges disponibles au niveau de la dynamique des ressources et des dépenses de compensation et de l’évolution de la conjoncture qui impose le réarrangement des priorités en matière des dépenses, des crédits supplémentaires préliminaires de 10 MMDH ont été ouverts», a-t-il fait savoir. Ces crédits sont destinés à l’appui financier de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) à hauteur de 4 MMDH, la couverture des dépenses additionnelles de la mise en œuvre du programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (1,5 MMDH), la mise en œuvre de la feuille de route stratégique pour le secteur du tourisme 2023-2026 (1,2 MMDH) et la couverture de certaines dépenses visant à faire face aux répercussions de la hausse des prix des produits alimentaires sur le pouvoir d’achat des citoyens (3,3 MMDH), a détaillé le ministre.

Recettes
L’ouverture de ces nouveaux crédits a été rendue possible grâce à un bon comportement des recettes fiscales. Dans ce sens, le ministre délégué chargé du budget a indiqué devant la Chambre des conseillers que les recettes fiscales ont augmenté de 4%, à 3,1 milliards de dirhams (MMDH), au titre des quatre premiers mois de l’année 2023. M. Lekjaa a affirmé que hormis les recettes de l’impôt sur les sociétés (IS), qui ont été exceptionnelles en 2022 (+10,5 MMDH comparativement à 2021) et n’ont reculé que légèrement, les autres recettes fiscales ont enregistré des hausses significatives. S’agissant des recettes de l’impôt sur le revenu (IR), elles ont progressé de 4,6%, avec un taux de réalisation de 40%, les recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 6,6%, avec un taux de réalisation de 33%, les droits de douane (+8,2%, avec un taux de réalisation de 31%) et les droits d’enregistrement et de timbres (+10,4%, avec un taux de réalisation de 51%), a-t-il précisé. En outre, M. Lekjaa a fait savoir que les dépenses ordinaires ont affiché une hausse de 2 MMDH par rapport à fin avril 2022, suite à l’augmentation normale de la masse salariale et le paiement anticipé de certains transferts à caractère social, y compris le soutien aux professionnels du transport (environ 1 MMDH durant la période allant de janvier à avril 2023), tandis que les charges de compensation ont reculé. Il a également fait état du repli des prix du gaz butane de 34%, à 418 dollars par tonne, les prix du blé tendre de 17%, à 266 dollars par tonne, et ceux du pétrole qui se sont situés en dessous de 75 dollars/baril, soulignant que cette tendance baissière devrait se poursuivre, ce qui permettra de réaliser des marges financières importantes au niveau des dépenses de compensation.

Selon M. Lekjaa, la gestion rigoureuse des finances publiques doit être un motif de fierté pour le Maroc. (D.R)

Gestion
Par ailleurs, M. Lekjaa a affirmé que la gestion rigoureuse des finances publiques, dans un contexte de crises successives qui ont affaibli de grandes économies, doit être un motif de fierté pour le Maroc, lequel a été salué par diverses institutions internationales, notamment les agences de notation internationales (Fitch et Standard and Poor’s) qui ont confirmé la stabilité des perspectives des finances publiques du Royaume et de son économie en général. Il s’agit aussi de la sortie du Maroc de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) en février dernier et l’annonce le 17 mai dernier du retrait officiel du Maroc de la liste grise de l’Union européenne. De plus, le Royaume a effectué une sortie réussie sur le marché financier international en mobilisant 2,5 milliards de dollars, alors que les offres des investisseurs ont dépassé 11 milliards de dollars, en particulier celles des investisseurs institutionnels de haute qualité, a fait remarquer M. Lekjaa, ajoutant que le Fonds monétaire international (FMI) a également approuvé l’octroi d’une ligne de crédit flexible (FCL) de 5 milliards de dollars au profit du Maroc pour une période de deux ans. Il a également relevé que la confiance internationale dans la solidité des finances publiques du Maroc doit être consolidée et préservée en poursuivant les efforts de restauration des marges budgétaires, parallèlement à la mise en place de mesures conjoncturelles à même de faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires, en plus de la mise en œuvre des réformes sociales nécessaires, de la mobilisation des ressources hydriques et de la promotion des investissements.
Et de conclure : «La consécration de notre souveraineté financière, le renforcement de la confiance dans nos finances publiques et leur solidité ne constituent pas une fin en soi, mais plutôt une garantie essentielle pour la durabilité du processus de réforme et de développement conduit par Sa Majesté le Roi pour faire face aux défis internes et externes, notamment ceux imposés par le contexte international difficile et complexe à tous les pays du monde».

C’est le titre de la boite
Campagne agricole
Enveloppe budgétaire : Au début des travaux du dernier Conseil des ministres, Sa Majesté le Roi a demandé des explications au ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, sur les résultats de la campagne agricole actuelle et les mesures que le gouvernement prendra pour soutenir les agriculteurs à cause de la hausse des prix des matières premières agricoles, ainsi que sur la bonne préparation de la prochaine campagne agricole. Le ministre a répondu que bien que cette campagne agricole intervienne dans le contexte de la succession des années de sécheresse, la production céréalière devrait atteindre près de 55 millions de quintaux, soit une augmentation de 62% par rapport à la campagne précédente (34 millions de quintaux). Cette campagne est considérée comme étant la meilleure en comparaison avec les cinq dernières années qui ont enregistré un déficit pluviométrique similaire. Le ministre a également souligné que le gouvernement, en exécution des Hautes orientations royales, entamera la mise en œuvre d’un programme de soutien aux agriculteurs, avec une enveloppe budgétaire estimée à 10 milliards de dirhams, qui comprend le soutien des aliments importés destinés au bétail et aux volailles, le soutien des matières premières agricoles importées en vue de réduire le coût de production de certains légumes et fruits, le renforcement des capacités de financement du Crédit Agricole du Maroc, afin de consolider ses interventions d’accompagnement des agriculteurs, outre l’affectation de fonds pour l’importation du blé tendre afin d’assurer l’approvisionnement normal du marché.

Indicateurs clés

Recettes fiscales

Les recettes fiscales ont augmenté de 4%, à 3,1 milliards de dirhams (MMDH), au titre des quatre premiers mois de l’année 2023.

 

 

 

 

Hormis les recettes de l’impôt sur les sociétés (IS), les autres recettes fiscales ont enregistré des hausses significatives.

 

 

 

 

Les dépenses ordinaires ont affiché une hausse de 2 MMDH par rapport à fin avril 2022.

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