Il se présentait comme une personne pieuse qui ne ratait pas les cinq prières et qui rendait service à ses voisins du quartier, à Casablanca, et leurs enfants. Mais derrière ce profil de bon citoyen se cachait en fait un dangereux pédophile.
Les habitants de ce quartier à Casablanca ont encore du mal à croire qu’un pédophile vivait parmi eux. C’est du moins ce que cette mère d’une fille de neuf ans, l’une des victimes du mis en cause, affirme devant le président de la Cour qui statue sur cette affaire à la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca tout en précisant qu’il se présentait devant ses voisins du quartier comme une personne pieuse qui ne ratait jamais les cinq prières à la mosquée. Une autre mère a même déclaré qu’il présidait la prière lors de l’absence de l’imam. En vérité c’était un pervers sexuel qui s’acharnait sur les enfants. Pourtant, le mis en cause continue de clamer son innocence. Sans vergogne, il affirme qu’il s’agit d’un coup monté par l’imam officiel de la mosquée où il guidait, lui également, de temps en temps les fidèles, notamment lors des deux prières d’Al Maghrib et d’Al Îcha. Car les gens aimaient sa lecture du Coran, a-t-il précisé lors de son interrogatoire par le président de la Cour. Et d’ajouter que l’imam avait fait propager parmi les fidèles la rumeur selon laquelle il profitait des corps des fillettes du quartier. Une version des faits qui sera vite balayée par les déclarations des victimes. L’une d’elles, âgée de neuf ans, explique à la Cour qu’elle s’est rendue chez lui pour le solliciter de l’aider à résoudre quelques exercices de la conjugaison et de la grammaire. Occupant tout seul un petit appartement, cet employé a abusé de l’écolière tout en lui demandant de garder le secret. Mais elle a tout raconté à ses parents. A ce propos, les limiers de la police judiciaire ont soumis le mis en cause, âgé de trente-et-un ans, aux interrogatoires où il a avoué ses crimes sexuels contre les enfants de son quartier. Outre la plaignante, les langues de quatre autres filles mineures se sont déliées et ont à leur tour raconté à leurs parents qu’elles ont également été violées par leur jeune voisin.
Le représentant du ministère public a traité le mis en cause d’un pervers et violeur en série qui profitait de la confiance que lui ont faite aussi bien ses voisins au quartier que leurs enfants pour satisfaire ses désirs bestiaux contre-nature et a requis une peine maximale contre lui. Quant à l’avocat de la défense il a réitéré la même version présentée devant la Cour par le mis en cause, à savoir qu’il s’agit d’un complot ourdi par l’imam de la mosquée pour le jeter derrière les barreaux. Une thèse qui n’a pas convaincu le président de la Cour et ses deux assesseurs. Verdict : vingt ans de réclusion criminelle.