De moins en moins de jeunes au Maroc. C’est ce qui ressort de la dernière livraison du HCP à l’occasion de la journée internationale de la jeunesse. Cela dit, la jeunesse marocaine connaît une nette amélioration notamment au niveau des conditions d’emploi et de l’éducation. Les détails.
La journée internationale de la jeunesse, célébrée chaque année le 12 août, offre un moment de réflexion de la communauté internationale sur le problème de la jeunesse et de célébration de la vitalité, de la créativité et du potentiel incommensurable incarnés par la génération montante. «Dans un monde en constante évolution, marqué par des défis complexes et des opportunités sans précédent, la jeunesse se révèle comme un réservoir d’énergie, de créativité et d’espoir nécessaires pour façonner l’avenir», indique le HCP (Haut-Commissariat au Plan). Et de poursuivre : «Conscient du rôle que peuvent jouer les jeunes dans la société, le Maroc a adopté plusieurs stratégies en faveur de la jeunesse visant, entre autres, à augmenter les opportunités économiques pour les jeunes, à promouvoir leur employabilité et à accroître l’accès et la qualité des services fondamentaux qui leur sont destinés». Selon le HCP, des progrès notables ont été réalisés durant les deux dernières décennies en matière d’accès des jeunes à l’éducation et la formation, à un emploi décent, etc. Cette note aborde le poids et l’évolution démographique de cette frange de population tout en mettant l’accent sur les progrès réalisés, depuis le début du millénaire, en matière d’accès à l’éducation et la formation, à l’emploi de qualité.
Un recul des jeunes dans la population
L’effectif des jeunes âgés de 15 à 34 ans demeure important et continuera de s’accroître à l’horizon de 2030 mais avec un rythme d’accroissement inférieur à celui de la population totale, soit respectivement 0,3 et 0,9% entre 2023 et 2030. Cette population des jeunes est passée de 11,5 millions en 2014 à 11,8 millions en 2023 et en proportion de 34,2 à 31,9% respectivement. A eux seuls, les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentent 16,1% en 2023 contre 18,0% en 2014. La part des jeunes citadins dans la population des jeunes est passée quant à elle de 60,0 à 66,0% entre 2014 et 2023. Durant la même période, la part des personnes âgées de 60 ans et plus est passée de 9,4% en 2014 à 12,7% en 2023, soit une augmentation de 3,3 points de pourcentage. Selon les données de l’Enquête nationale sur l’emploi, la part des jeunes âgés de 15-34 ans qui n’ont aucun niveau scolaire a considérablement baissé entre 2000 et 2022, elle est passée de 35,7 à 8,9%, soit une baisse de 26,8 points de pourcentages durant cette période.
La plus grande baisse a été observée parmi les femmes (de 47,7 à 12,1%) et les ruraux (de 59,5 à 15,6%) soit respectivement une baisse de 35,6 points et 49,9 points de pourcentage. A l’opposé, la part des jeunes ayant le niveau secondaire ou plus a connu une augmentation importante passant de 19,7% en 2000 à 42,7% en 2022. Les plus grandes performances sont également enregistrées parmi les femmes et les ruraux. L’écart des jeunes ayant le niveau secondaire ou plus entre les hommes et les femmes s’est annulé après avoir été de 5,1 points de pourcentage en 2000. Pour les ruraux, cette part est passée de 5,0 à 21,9% respectivement.
Indicateurs d’activité et d’emploi
Par rapport à l’insertion dans la vie active, la part des jeunes dans le marché de travail a régressé durant ces deux dernières décennies, en raison notamment de leur forte rétention dans le système scolaire. En effet, le taux d’activité des jeunes âgés de 15-34 ans est passé de 53,5% en 2000 à 41,2% en 2022. En ce qui concerne le taux d’emploi, il est passé de 42,8% à 31,8% durant la même période. Parallèlement, le chômage des jeunes a augmenté de 2,9 points de pourcentage passant de 20,0% en 2000 à 22,9% en 2022, avec au passage un taux de chômage de 14,8 seulement en 2014. Le chômage des jeunes touche davantage les citadins, les femmes et les diplômés. En effet, en 2022, près d’une femme active âgée de 15-34 ans sur trois (32,7%) est en situation de chômage contre 19,8% pour les hommes. Selon le milieu de résidence, le taux de chômage des citadins s’élève à 29,9% contre 10,7% parmi les ruraux.
Selon le diplôme, le taux de chômage des jeunes ayant un diplôme supérieur (40,3%) est près du double que celui des jeunes ayant un diplôme de niveau moyen (20,7%) et plus de cinq fois que celui des jeunes sans diplôme (7,9%).
Une nette amélioration de l’emploi
Selon la qualité de l’emploi, quoique seulement un jeune actif occupé sur quatre (24,7%) exerce un emploi formel , nous notons qu’il y a une nette amélioration de l’emploi des jeunes durant les deux dernières décennies. En 2000, 6,8% des jeunes actifs occupés âgés de 15-34 ans disposaient d’une assurance-maladie liée à l’emploi, soit près du quart seulement du niveau observé en 2022.
L’exercice d’un emploi formel est plus répandu parmi les jeunes femmes (38,2%) que parmi les hommes (21,1%) et parmi les citadins (36,2%) que parmi les ruraux (8,9%). Dans un autre registre, l’exercice d’un emploi en dessous de la qualification des jeunes diplômés a pris de l’ampleur durant cette période. En effet, en 2022, 50,8% des jeunes ayant un diplôme autre que le diplôme de l’enseignement fondamental exercent un emploi en dessous de leur qualification (déclassement), contre 35,0% en 2000. «Le déclassement dans le marché de travail est plus fréquent parmi les jeunes hommes (51,7%), les ruraux (53,8%)», conclut le HCP.
L’Observatoire national du développement humain (ONDH) avait dévoilé en 2022 son Rapport sur le développement humain : «Être jeune au Maroc de nos jours». Ce rapport, fondé sur une approche participative, traite de l’évolution des indicateurs du développement humain entre 2012 et 2020 dans le Royaume, tout en établissant une évaluation préliminaire de l’impact de la pandémie Covid-19. Dans son rapport, l’ONDH estime que les jeunes de «15-29 ans» constituent un potentiel réel de développement humain et de croissance économique. En dépit de l’aubaine démographique actuelle, les jeunes participent faiblement à la création de la richesse et au développement du pays. Ceci s’explique par la faiblesse de la population active – le taux d’activité est de 35,1% en 2019- et une grande partie d’entre eux souffre du chômage, du sous-emploi et du travail informel. En fait, la difficile transition des jeunes à la vie active et au marché du travail s’explique par une demande d’emploi relativement faible en raison, en partie, du manque d’opportunités d’emploi et des modestes performances en matière de l’éducation. Un des déterminants du chômage élevé des jeunes est le décrochage scolaire. «Les attentes en matière d’inclusion économique et sociale sont donc prioritaires et concernent, en premier lieu, l’emploi. Elles renvoient à l’épineuse question de l’adéquation entre la formation et l’emploi, sur laquelle ont buté plusieurs réformes de l’enseignement et qui n’a pas manqué d’engendrer frustration et crispation chez des générations de jeunes diplômés», relève l’ONDH. Celle-ci estime que l’inclusion des jeunes dépend, d’une manière générale, de la capacité de développer les mécanismes institutionnels pour leur participation active dans la vie publique.
Principaux indicateurs
L’effectif des jeunes âgés de 15 à 34 ans demeure important et continuera de s’accroître à l’horizon de 2030 mais avec un rythme d’accroissement inférieur à celui de la population totale, soit respectivement 0,3 et 0,9% entre 2023 et 2030.
Selon la qualité de l’emploi, quoique seulement un jeune actif occupé sur quatre (24,7%) exerce un emploi formel , le HCP relève une nette amélioration de l’emploi des jeunes durant les deux dernières décennies.
La part des jeunes ayant le niveau secondaire ou plus a connu une augmentation importante passant de 19,7% en 2000 à 42,7% en 2022. Les plus grandes performances sont également enregistrées parmi les femmes et les ruraux.