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Blé : les russes lorgnent le marché marocain

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Le Maroc cèdera-t-il à la tentation du blé russe? Alors que les prix repartent à la hausse sur le marché international en raison de la suspension de l’accord d’exportations de la production ukrainienne en mer Noire, l’ambassadeur russe propose de commercer dans ce domaine avec le Royaume. Les détails.

Alors que les exportations des stocks ukrainiens en céréales sont pratiquement au point mort depuis la suspension de l’accord en mer Noire par les autorités russes, celles-ci semblent intéressées par l’augmentation de leur part de marché, notamment au Maroc. C’est l’ambassadeur russe à Rabat qui vient d’adresser une invitation à destination des importateurs marocains. La Russie est prête à fournir du blé au Maroc à un prix raisonnable, a déclaré l’ambassadeur de Russie au Maroc, Vladimir Baïbakov, dans une interview accordée à l’agence TASS. «La Russie et le Maroc exportent dans les deux pays les produits les plus demandés sur leurs marchés respectifs. Le charbon et les produits pétroliers représentent une grande partie des importations marocaines, tandis que la Russie achète des agrumes et du poisson. Nous sommes prêts à fournir du blé à un prix raisonnable au marché. Dans un contexte de nouvelles conditions géopolitiques et d’exacerbation des crises énergétique et alimentaire, un tel partenariat est particulièrement important», a-t-il déclaré.
«Le Maroc reste parmi les principaux partenaires commerciaux et économiques de la Russie en Afrique», a ajouté le diplomate. «En 2022, le Royaume était le troisième en termes d’exportations et le quatrième en termes d’importations.
Après la pandémie de coronavirus, le chiffre d’affaires commercial entre nos pays a de nouveau dépassé la barre des 2 milliards de dollars et il continue d’augmenter», a-t-il déclaré. Cette déclaration intervient alors que les regards se tournent vers le Kremelin. La reprise de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes est «essentielle» pour la sécurité alimentaire mondiale et la stabilité de la région de la mer Noire, a affirmé jeudi dernier le ministre turc des affaires étrangères Hakan Fidan, en visite à Moscou. «Nous avons réitéré notre conviction que la reprise de l’accord permettra de restaurer la stabilité dans les deux domaines», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec son homologue russe Sergei Lavrov.
La Russie avait mis un terme en juillet à l’accord permettant à l’Ukraine d’exporter ses céréales par la mer Noire, douchant les espoirs d’une éventuelle prolongation. «Il y a désormais un processus basé sur une meilleure compréhension et réponse par rapport aux demandes de la Russie», a affirmé M. Fidan. Selon les médias turcs, M. Erdogan devrait se rendre le 4 septembre à Sochi, en Russie, pour convaincre Poutine de relancer l’accord.

Les stocks de blé ont couvert environ cinq mois de besoins de consommation intérieure jusqu’à fin août. (D.R)

Stocks marocains
Cette situation influe sur les prix à l’international. En plus des restrictions sur les céréales de l’Ukraine, les prix ont augmenté en raison de la faiblesse de la récolte au Canada. Les agriculteurs canadiens devraient produire moins de blé, de colza, d’orge et d’avoine en 2023, selon de récentes estimations de rendement basées sur l’imagerie satellite et les données agro-climatiques, a indiqué mardi l’agence Statistique du Canada. Cette baisse de production s’explique par le recul des rendements causé par la sécheresse dans une grande partie de la région des Prairies, dans l’ouest du Canada, a précisé l’agence. La production de blé devrait diminuer de 14,2% d’une année à l’autre pour atteindre 29,5 millions de tonnes en 2023. Au Maroc, l’un des importants importateurs de céréales en Afrique, les importateurs rassurent sur la situation des stocks marocains en blé. Le blé représente environ 60% des importations de céréales du Maroc, qui s’approvisionne principalement auprès de l’Union européenne et des pays de la mer Noire. Toutefois, la part de l’Argentine et du Brésil augmente, tandis que celle de l’Ukraine et de la Russie diminue. Dans une déclaration à l’agence de presse internationale Reuters, Omar Yacoubi, président de la Fédération marocaine des commerçants de céréales (FNCL), avait indiqué que le Maroc devrait importer 2,5 millions de tonnes de blé tendre d’ici septembre, mais il aura besoin de 2,5 millions de tonnes supplémentaires d’ici fin juin 2024. La même source avait précisé que deux navires faisaient déjà cap sur le Maroc depuis la Russie, avec une cargaison à bord de 100.000 tonnes de blé. Cependant, Abdelkader Alaoui, président de la Fédération des meuniers industriels (FNM), avait expliqué à l’agence de presse que les importateurs rencontraient des difficultés à l’importation en raison des sanctions contre la Russie malgré les prix compétitifs pratiqués par ce pays, ajoutant que les céréales d’origine russe représenteraient environ 5% des importations de blé du Maroc. Les stocks de blé ont couvert environ cinq mois de besoins de consommation intérieure jusqu’à fin août, avec une légère croissance de la capacité de stockage à 5,2 millions de tonnes, a-t-il précisé. Pour rappel, la production des céréales principales (blé tendre, blé dur et orge) au Maroc au titre de la campagne agricole 2022/2023 avait été estimée à près de 55,1 millions de quintaux (Mqx), contre 34 Mqx en 2021/2022, selon l’annoncé faite en avril dernier par le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Il s’agit ainsi d’une hausse considérable de l’ordre de 62% par rapport à la campagne précédente, avait précisé le ministère dans un communiqué, faisant savoir que cette production est issue d’une superficie semée en céréales principales de 3,67 millions d’hectares contre 3,57 millions d’hectares en 2021/2022, soit une hausse de 2,8%. Par espèce, cette production est répartie sur le blé tendre (29,8 Mqx), le blé dur (11,8 Mqx) et l’orge (13,5 Mqx), détaille la même source. En outre, quatre régions participent à hauteur de 82,9% de la production nationale, notamment Fès-Meknès (27,1%), Rabat-Salé-Kénitra (26,5%), Casablanca-Settat (16,9%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12,4%).
A noter enfin qu’en juin dernier, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) a annoncé la mise en place d’un système de restitution à l’importation du blé tendre entre le 1er juillet et le 30 septembre pour une quantité maximale de 25 millions de quintaux.

C’est le titre de la boite
Dispositif
Le programme de l’ONICL, dévoilé en juin dernier, proposerait une subvention aux importateurs de la différence chaque mois entre le coût du blé étranger et un prix d’importation de référence de 270 dirhams par quintal, fait savoir l’ONICL dans une note. Les subventions s’appliqueront principalement aux importations en provenance de pays tels que la Russie, l’Ukraine, la France, l’Allemagne, l’Argentine et les États-Unis, précise la même source. La prime forfaitaire concerne exclusivement les quantités de blé planifiables importées par les organismes stockeurs (commerçants en céréales et légumineuses, coopératives agricoles marocaines et leur Union), ainsi que par les minotiers industriels, exclusivement entre le 1er juillet 2023 et le 30 septembre 2023. Les quantités engagées pour une réalisation au plus tard le 30 septembre 2023, et réalisées après cette date pour cause de force majeure, bénéficieront de la restitution appliquée au mois de septembre 2023. Le cas de force majeure sera examiné par le comité de l’approvisionnement du pays en blé tendre importé.

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