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Éditorial : Le patient rural

Un avis de recrutement publié récemment  par le ministère de la Santé dans certains journaux nationaux est passé presque inaperçu. Il s’agit de l’embauche de médecins spécialistes dans différentes disciplines pour des hôpitaux de nombreuses régions du Maroc profond comme Assa Zag, Oussered, Azilal, Tata, Zagora, Guelmim, Jerada, etc… Le dernier délai de dépôt des candidatures a expiré le 30 septembre 2005. Il faut dire que les postulants ne se sont pas bousculés au portillon.
En fait, l’offre d’emploi du département dirigé par Mohamed Cheikh Biyadillah n’a pas rencontré le moindre intérêt. Pour un pays qui souffre du chômage des diplômés et qui a organisé dernièrement des Assises de l’emploi, il y a vraiment de quoi être surpris. Or, si les pouvoirs publics n’ont aucun moyen pour obliger les médecins débutants à faire leurs premières armes là où existe un besoin réel, ils ont une autre possibilité. Celle de recourir aux services de candidats étrangers.
Ce que cette annonce ne dit pas justement ,c’est que le désintérêt des médecins marocains va pousser le gouvernement à faire appel à leurs confrères étrangers issus particulièrement de certains pays de l’Europe de l’Est qui sont prêts, eux, à soigner les malades dans les coins les plus reculés du Royaume. En fait, le ministère de la Santé a toujours rencontré ce problème chronique : les médecins nationaux fraîchement émoulus font de la résistance, préférant être nommés dans les lieux de leur choix, c’est-à-dire dans les grandes villes. Ce qui crée une carence en personnel soignant pour les zones éloignées synonymes pour beaucoup d’ennui et de dénuement.
Ici, les hôpitaux existent, souvent équipés en matériel médical  nécessaire, mais personne pour les faire tourner et soigner les malades. Comme quoi, il ne suffit pas de construire des structures médicales modernes mais encore faut-il disposer des médecins spécialistes et des infirmiers en nombre suffisant pour les maintenir en activité. Telle est la quadrature du cercle.
Force est de constater que les gouvernements qui se sont succédé au Maroc n’ont pas réussi à introduire un service de santé publique dans le monde rural. À cause peut-être de l’absence d’une politique attrayante qui encouragerait les médecins débutants à ouvrir des cabinets avec de petits espaces de pharmacie proposant les médicaments les plus utilisés. Un médecin-apothicaire serait une bonne idée car elle permet au patient d’utiliser  l’argent qu’il dépense pour le transport jusqu’à la ville ou village avoisinant pour acheter sur place les remèdes prescrits.
À cet effet, il faut tordre le cou à une idée reçue selon laquelle les ruraux n’ont pas d’argent à dépenser  pour recourir aux services d’un médecin. Il est temps de rendre justice au Maroc des campagnes en le faisant bénéficier d’une offre de santé adaptée à ses besoins et assurée de préférence par des médecins du pays.

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