Culture

De l’amour en temps de guerre à l’ère Kadhafi

© D.R

Un autre registre chez l’auteur marocain Ahmed Tazi. Cette fois-ci, il explore dans son tout dernier roman les temps de guerre sous l’ère Kadhafi. Un récit qu’il fait dans une peau romantique. En voici les contours après lecture.

Dès les premières pages, le roman est captivant à bien des égards. Pour commencer, l’écrivain met en jeu un narrateur qui part à la recherche de son ami, Maati Rouass, en Libye. A l’arrivée, ce conteur y est attiré par l’odeur des coqs qui se livrent à un combat quasi quotidien à l’instigation de leurs propriétaires. Après quoi, il entame la recherche de ce protagoniste en situant l’action, basée quasiment sur des faits réels, dans les temps de guerre sous l’ère Kadhafi. Le tout en faisant preuve de grande créativité.

«Un essai d’imagination»
Dans les détails, cette œuvre est, d’après son auteur, «avant tout un essai d’imagination». Il est vrai que certains faits qui y sont relatés sont connus par voie de presse, cependant, le romancier y entreprend une démarche assez différente. Entre autres, des guerres intestines entre certaines factions meublent également le récit. Des événements peu ou pas connus carrément de tous. Au-delà de ces faits, le romancier introduit une belle histoire d’amour dans sa publication. «Aller plus loin pour animer l’intrigue ne pouvait pas se faire sur la base d’enquêtes ou de travail sur le terrain.
Pour cela, toute documentation, quelle que soit sa qualité, ne pourrait remplacer ce petit doigt que chaque romancier utilise pour tisser sa toile», révèle M. Tazi à propos de son œuvre.
A eux seuls, les personnages se veulent, dans ce roman, dont une bonne partie des faits réels est, d’après lui, retravaillée dans un souci de fiction, «authentiques». «Cette ambition m’avait semblé difficile s’agissant de Janine dont la personnalité déborde le décor et verse dans le prodigieux. Cela était perturbant car je voyais qu’ainsi mon personnage perdait en invraisemblance ce qu’il gagnait en empathie», avance d’emblée l’écrivain qui réserve un sort douloureux pour une protagoniste.

Un sort inattendu pour un personnage féminin
Au fil des pages, le lecteur, qui s’attache à Janine, est surpris par le destin que l’auteur lui donne après les beaux moments que celle-ci passe avec le narrateur. «La fin tragique que connut Janine était plutôt pour donner du sens au rôle joué par le narrateur; personnage falot que rien ne prédisposait à cette aventure, une sorte d’usurpateur car il ne serait pas à la hauteur de la mission que les donneurs d’ordre lui avaient confiée. Tout ce remue-ménage parce qu’il connaissait l’ami intime du dauphin et qu’on essayait d’approcher le prince par son intermédiaire», détaille M. Tazi. Ainsi, la mort de Janine est, d’après lui, «le coup de trop pour le narrateur, persuadé qu’indirectement, il les avait trahis, tous, y compris Janine, parce qu’il ne lui avait pas avoué la vérité ou qu’il ne voulait pas se l’avouer à lui-même, que Janine se jouait de lui, qu’elle ne l’avait jamais aimé, etc.». Et ce n’est pas tout ! Le lecteur découvre un autre fait surprenant. «Se sentant coupable du naufrage, le narrateur plongea en dépression parce qu’il n’avait pas assez d’espace pour expier la faute. Pourquoi n’avait-il pas empêché la mort des autres. Pourquoi devait-il survivre?», poursuit le romancier qui aborde un autre sujet intéressant.

Un roman sur le Printemps arabe ?
Entre-temps, il introduit d’autres personnages. «On aurait dit que Linda, de médecins sans frontières, n’était revenue de Libye que pour retourner en Syrie. Son mari n’avait pas assez d’estomac pour remettre ça», explicite l’écrivain dont ces passages du roman font allusion au Printemps arabe. Des mouvements qu’il avait traités dans «Du plomb dans l’hirondelle », paru en 2017 chez La Croisée des Chemins où son roman «La guêpe frappe au golf» est, pour l’heure, en stand-by. Le tout en annonçant finaliser un roman qui a pour titre provisoire « Le mystère des Houti».

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