Le rôle de cette profession dans la détection et la préservation contre ce fléau a été mis en évidence
Cet événement, qui a coïncidé avec le lancement des festivités du centenaire du Barreau des avocats de Tanger, a constitué l’occasion d’échanger les différentes expériences avec d’autres pays et d’unifier les visions concernant les stratégies visant à faire face à ce phénomène.
A une époque où les flux financiers transcendent les frontières et où les technologies émergentes facilitent les transactions, la lutte contre le blanchiment de capitaux est d’une importance vitale pour la stabilité économique et la sécurité mondiale. C’est dans ce contexte que s’est tenu, les 3 et 4 mai à Tanger, un séminaire international sous le thème «La lutte contre le blanchiment de capitaux : enjeux et défis». Initié par le comité national de l’Union internationale des avocats (UIA), ce séminaire, qui s’est déroulé en partenariat avec le Barreau de Tanger et l’Association des Barreaux du Maroc (ABM), «coïncide avec le lancement des festivités du centenaire du barreau de Tanger au service de la profession et de la justice depuis l’époque internationale de la ville», a affirmé Anouar Belloki, bâtonnier du Barreau de Tanger, avant d’ajouter que «c’est également l’occasion d’échanger les différentes expériences avec des Barreaux des pays arabes et autres, et d’unifier les visions concernant les stratégies visant à lutter contre ce phénomène et à faire face à l’usage des fonds illicites».
La séance d’ouverture officielle a été marquée par la présentation de l’expérience du Maroc en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et ses avancées dans ce domaine. «Nous nous félicitons de l’évolution positive en matière de réduction du délai moyen relatif à l’émission des jugements, qui se distinguent par leur complexité», a fait savoir Mohamed Abdennabaoui, président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ).
L’intervenant a tenu à préciser que concernant les crimes de blanchiment de capitaux, 114 décisions judiciaires ont été prononcées au cours du premier trimestre de 2024 et avec la part de 75% des jugements rendus dans les délais fixés par le CSPJ, notamment dans 180 jours devant les tribunaux de première instance et 120 jours en appel. «Les tribunaux concernés vont œuvrer pour le développement de leurs prestations dans le cadre du respect des droits de la défense et les conditions d’un procès équitable», a dit M. Abdennabaoui.
De son côté, El Hassan Daki, président du ministère public, a fait part des efforts déployés en vue de favoriser le développement des compétences des différents intervenants et d’assurer l’amélioration de leurs méthodes de travail, tout en soulignant l’importance du renforcement de la coopération entre les organes judiciaires, sécuritaires, économiques et bancaires concernés. Il a poursuivi que son département a procédé en partenariat avec les organismes chargés de l’application de la loi à la mise en place des guides pratiques sur les techniques de recherche et d’enquête sur les différentes formes de crimes de blanchiment de capitaux. «Les efforts déployés pour lutter contre ce type de criminalité ont entraîné une augmentation constante du nombre d’affaires», a-t-il dit, avant d’ajouter que depuis l’entrée en vigueur de la loi relative à la lutte contre ce phénomène, quelque 336 affaires ont été enregistrées entre 2008 et 2018 contre plus de 2.927 pendant la période 2018-2023.
Les participants ont convenu de l’importance du rôle des avocats dans la détection et la préservation contre le blanchiment de capitaux. «La question de la détection et la prévention du blanchiment de capitaux est au cœur des priorités des Etats, des régulateurs et des professionnels. En particulier, le rôle de l’avocat est primordial en raison de ses multiples obligations déontologiques, professionnelles ou encore son devoir de vigilance à l’égard de ses clients», a affirmé Silvestre Tandeau de Marsac, directeur financier de l’UIA, avant d’ajouter que dans ce contexte, «il est indispensable pour les avocats d’avoir une connaissance complète de la réglementation renforcée en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, qui s’applique dans le cadre de leurs activités».