Société

Quinze ans pour le poissonnier tueur

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Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Ahmed, trente-quatre ans, célibataire, est au box des accusés. Le président de la Cour lui rappelle qu’il est accusé selon les dispositions de l’article 403 du code pénal pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Il risque donc une peine allant de dix à vingt ans de réclusion criminelle. Ahmed est né en ancienne médina, à Casablanca, dans une famille pauvre, dont le père à se débrouillait seul au port pour subvenir aux besoins de ses six membres. A l’âge de la scolarisation, il rejoint l’école Oued Al Makhazine qu’il a quittée à la 5ème année de l’enseignement fondamental. Ne pouvant lui financer des cours privés, ses parents l’ont confié à un bazariste de la rue Houphouet Boigny pour qu’il apprenne un métier qui rapporte. Il abandonne vite son patron sous prétexte qu’il est mal payé. Il se met dès lors à arpenter les rues et les boulevards du centre ville en compagnie d’autres adolescents de son quartier. Il se met à fumer, à boire du vin rouge et des bières, et à consommer des joints et des comprimés psychotropes. Au fil des mois, il est devenu l’esclave de ses vices et, par conséquent, il avait un besoin permanent d’argent. Pour en avoir, il a rejoint son père au port maritime pour devenir à son tour poissonnier. C’est un commerce qui lui rapporte au moins de quoi acheter sa dose quotidienne de haschich et de vin rouge, et de quoi aider sa famille. Mais, pas de quoi fonder un foyer. Raison pour laquelle il est resté célibataire, alors que de jeunes voisins se sont non seulement mariés, mais ont aussi des enfants. Abdelkader est l’un d’eux. Il est un jeune homme de trente-trois ans, pieux, timide et jouit d’une bonne réputation, dans son quartier et son boulot. Bref, c’est un jeune sans problèmes. De coutume, il évite le moindre scandale avec qui que se soit et n’aucun rapport avec les consommateurs d’alcool ou de drogue. Seulement, personne ne sait quelle mouche l’a piqué cette fois quand il n’a pas pu tenir, comme à l’accoutumée, ses nerfs. C’était minuit, quand il est descendu de chez lui, pour demander à Ahmed et ses deux amis qui fumaient des joints de s’en aller parce qu’ils l’empêchaient de dormir. Ils conversaient à haute voix sans se soucier des habitants. Si ses deux jeunes compagnons sont partis, Ahmed, quant à lui, s’en est pris à Abdelkader. Ce dernier a tenté de le calmer, lui expliquant qu’il ne lui demandait que de s’éloigner un peu plus de chez lui pour le laisser dormir. Hors de lui, Ahmed commence à l’insulter et lui assène un coup de poing. Deux amis interviennent pour les calmer. Mais en vain. Ahmed et Abdelkader ont perdu tout contrôle de soi au point qu’Ahmed a brandi un couteau qu’il cachait sous ses vêtements et lui a assené deux coups. Terrassé, Abdelkader a été évacué sur les urgences de l’hôpital Ibn Rochd. Là, il a rendu l’âme. Devant la Cour, Ahmed a reconnu les charges retenues contre lui. Il a en revanche rejeté la préméditation. Si le représentant du ministère public a requis la peine maximale, l’avocat de la défense a, lui, plaidé pour faire bénéficier Ahmed des circonstances atténuantes. Après les délibérations, la Cour l’a condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

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