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Les grandes ambitions de «Digital Morocco 2030» dévoilées

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Objectifs. Positionner le Maroc comme un hub digital afin d’accélérer le développement social et économique du Royaume. C’est l’ambition portée par la stratégie « Digital Morocco 2030 ». La finalité est claire et vise à dynamiser à la fois les services publics et l’économie numérique. Cette stratégie repose sur des objectifs chiffrés avec deux axes stratégiques. À l’horizon 2030, «Digital Morocco 2030» a pour objectif la création de 240.000 emplois directs dans le secteur numérique et une contribution de 100 milliards de dirhams au PIB.

La création d’emplois est au cœur de la stratégie numérique. « L’emploi est notre principale préoccupation pour le reste du mandat gouvernemental (…) le gouvernement dispose d’une vision complète et de mesures concrètes qui seront annoncées lors des discussions sur la loi de Finances 2025 (…) la mise en œuvre de la stratégie Maroc Numeric 2030 est un levier essentiel pour la feuille de route gouvernementale afin de hisser l’employabilité. Comme vous le savez, le numérique est un vivier important pour l’emploi, notamment pour les jeunes (…)», indique Aziz Akhannouch lors d’une allocution projetée en vidéo à l’ouverture du lancement de la stratégie «Digital Morocco 2030». Il a souligné dans ce sens que le gouvernement a alloué un budget de 11 MMDH pour cette stratégie sur la période qui s’étale de 2024 à 2026. Il s’agit aussi de former 100.000 jeunes par an dans le secteur du numérique contre 14.000 en 2022, comme l’a annoncé le chef de gouvernement. Cette stratégie vise à créer 240.000 emplois directs dans le secteur

En plus de l’employabilité, cette stratégie ambitionne de digitaliser l’administration pour faciliter le parcours des citoyens et des entreprises. « Le gouvernement veut améliorer le classement du Maroc dans le domaine de l’e-administration à la première place au niveau africain et à la 50 ème place au niveau mondial », relève le chef de gouvernement. Il a mis l’accent sur la nécessité d’y parvenir en numérisant les parcours des citoyens dans les secteurs prioritaires, à savoir la santé, la sécurité sociale, l’investissement, l’éducation nationale, et l’emploi ainsi que le renforcement du rôle de l’ADD et l’unification des démarches administratives à travers un portail unique. La nouvelle stratégie repose aussi sur des catalyseurs importants, à savoir une offre de services cloud diversifiée respectant la souveraineté nationale, qui correspondant aux normes internationales et qui répond aux besoins du secteur privé et du secteur public. A cela s’ajoutent aussi l’amélioration et l’élargissement de la couverture internet avec notamment le lancement de la 5G.

Services publics : Mise en place d’un portail unique
Lors de cette cérémonie de lancement, la ministre déléguée auprès du chef de gouvernement chargée de la transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour a présenté les grands axes de la stratégie «Digital Morocco 2030». L’accélération de la transformation numérique des services publics vise à mieux servir les citoyens et les entreprises. Ainsi, la stratégie lancée ambitionne d’améliorer l’indicateur OSI du classement EGDI des services publics en ligne au Maroc. L’objectif est d’atteindre le 85 ème rang mondial et la 6ème place en 2026. En 2022, le pays occupait la 14ème place en Afrique. Pour y arriver, quatre leviers sont envisagés (méthodologie et outils, gouvernance, réglementation et inclusion numérique). Au niveau des outils employés, ils comptent, entre autres, la mise en place d’un portail unique regroupant l’ensemble des services publics digitaux et la généralisation de l’utilisation des plateformes mutualisées comme e-Id, signature électronique, paiement en ligne. En termes de gouvernance, la stratégie intègre la nécessité de prioriser des parcours en lien avec les priorités nationales et que les administrations chefs de file portent la digitalisation de leur parcours de bout en bout. Le ministère de la transition numérique et de la réforme de l’administration et l’ADD proposeront une offre de services sur mesure pour accélérer les projets digitaux des administrations au service des usagers. Parmi ces leviers de transformation on compte aussi l’inclusion numérique. Celle-ci se réalisera à travers des services numériques faciles à utiliser pour les personnes en milieu urbain et rural et pour les personnes en situation de handicap. Cette stratégie mettra aussi en place des relais numériques de proximité dans les territoires. Pour ce qui est de la réglementation, elle prévoit de renforcer le cadre juridique de digitalisation de l’administration, élaborer des procédures d’achat adaptées au numérique et établir un dispositif pour faciliter le recrutement des talents digitaux au sein de l’administration publique.

Startups : atteindre 7 MMDH de levées de fonds en 2030
L’économie numérique est le deuxième axe fondamental de la stratégie « Digital Morocco 2030 ». Cet axe repose sur l’outsourcing et le digital export, les startups, et le digital au niveau des entreprises. En matière d’outsourcing, le Maroc ambitionne une montée en gamme et le développement d’un hub incontournable dans le secteur. En termes de chiffres, il s’agit de réaliser des revenus à l’export de 25 MMDH en 2026 et 40 MMDH en 2030 au lieu de 15,8 MMDH en 2022. Concernant les emplois dans l’outsourcing et le digital export, la stratégie prévoit 270.000 postes en 2030 et 190.000 en 2026 contre 130.000 en 2022. Pour y arriver, les mesures clés adoptées par la stratégie consistent à développer un vivier de talents suffisant et de qualité, positionner l’offre nationale sur des filières à forte valeur ajoutée, mettre en place un cadre d’incitation (instaurer la prime à l’emploi, appliquer de nouvelles conditions d’octroi de la prime à la formation, reconduire les avantages actuels liés à l’IR et l’IS avec une simplification et une digitalisation de l’offre), développer des infrastructures d’accueil adaptées à l’outsourcing et promouvoir la destination Maroc. Acteur important de l’écosystème digital, les startups devraient grâce à cette nouvelle feuille de route prendre un nouvel élan à l’international. Il s’agit de développer un écosystème startup local à vocation internationale. L’objectif étant d’atteindre 3.000 strartups marocaines labélisées en 2030 et 1.000 en 2026 au lieu de 380 en 2022. Pour ce qui est des levées de fonds, la stratégie vise 7 MMDH en 2030, 2 MMDH en 2026 (contre 260 MDH en 2022).
A cela s’ajoute l’ambition d’atteindre 1 à 2 licornes en 2030. Plusieurs mesures sont envisagées dans ce sens dont la mise en place d’une startup policy, un financement tout au long du cycle de vie (bourse de vie, bourse d’incubation), prêts d’honneur, prêts d’amorçage et l’attraction de nouveaux venture capitalists ((VC) en réduisant leurs risques. A cela s’ajoute la mise en place d’un accompagnement de qualité qui fait appel à des incubateurs internationaux de référence en plus du renforcement des incubateurs locaux et l’instauration des programmes dédiés. La stratégie intègre aussi dans ce cadre un meilleur accès aux marchés pour les startups nationales. Le renforcement de l’économie numérique passe aussi par le «Digital Entreprise » qui permettrait, selon la même stratégie, de gagner en productivité. Il s’agit ainsi d’accompagner le passage à l’échelle des PME Tech marocaines et d’assister les TPME dans leur transformation digitale.

5G : 70% de la population couverte en 2030
Catalyseurs. Trois catalyseurs sont adoptés pour la réussite de la stratégie « Digital Morocco 2030 », à savoir le Digital Talent, le Cloud et la Connectivité. Le Maroc envisage de former (formation initiale) 45.000 talents par an en 2030 et 20.000 en 2026 contre 8.000 en 2022. Pour les reconversions, il s’agit d’atteindre 50.000 personnes par an et 26.000 en 2026 au lieu de 5.000 en 2022. Quant aux nouveaux talents, la stratégie vise 6.000 profils par an en 2030 et 4.000 en 2026. Concernant le Cloud, il est question d’avoir une offre de services nationale répondant aux besoins des différents secteurs. Les offres de services cloud souverains incluent des services gérés par un ou des opérateurs marocains ainsi qu’une offre réservée pour le secteur public et les organismes d’importance vitale. Du côté des services cloud public, la stratégie prévoit l’installation des géants providers «hyperscalers» au Maroc et une offre pour les entreprises hors organismes d’importance vitale et pour le marché international. Enfin, la connectivité se renforcera avec une part des ménages éligibles à la FTTH atteignant 5,6 millions de foyers en 2030 et 4,4 millions en 2026 contre 1,5 million en 2022. Pour ce qui est de la 5G, la stratégie vise grand avec une couverture qui atteindra une part de 70% de la population contre 25% en 2026. Pour y parvenir, le programme «plan national de haut débit 2» (PNHD2) couvrira 1.800 localités (à faible connectivité) à l’horizon 2026. A cela s’ajoute la mise en place de subventions pour couvrir les sites publics ruraux en connexion satellite. La stratégie vise aussi à améliorer la connectivité des administrations en équipant 6.300 sites publics administratifs urbains en prises de fibre optique à l’horizon 2026.

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