Le grand musicien, Jbara, compte aujourd’hui de nombreux albums et des singles qui sont devenus des standards de la musique contemporaine. Son dernier album est déjà un classique du genre avec un mélange identitaire profond et un engagement artistique sans faille.
ALM: Votre dernier album est le fruit de votre richesse musicale et culturelle entre les deux rives de la Méditerranée…
Jbara : Tout à fait. C’est cette identité multiple qui a donné naissance à tous mes albums. Il m’a en effet fallu deux ans et demi pour donner vie à ce projet musical qui marque une période importante dans ma trajectoire de musicien. Une période durant laquelle j’ai partagé mon temps entre le Maroc et l’Espagne pour l’enregistrement et les derniers arrangements. Cette dualité géographique a enrichi ma création en m’immergeant dans des cultures différentes, ce qui a contribué à la diversité et à la richesse de l’album.
On y sent l’Afrique, l’amazighité, la Méditerranée, un mélange subtil de références culturelles…
Lors de la création de cet album, l’atmosphère était véritablement électrique. L’africanisme, l’amazighité, ainsi que le fervent désir de liberté et d’égalité, ont imprégné chaque moment de chaque session d’enregistrement. Ces valeurs essentielles ont guidé mes choix artistiques, donnant naissance à un travail profondément authentique et engagé.
Quels sont les moments marquants de cette œuvre?
En ce qui concerne les souvenirs de mon dernier double album, il est difficile de mettre en avant un moment en particulier, tant l’ensemble du processus a été marquant. Mais au-delà des moments individuels, ce qui reste le plus mémorable, c’est l’intensité du travail et l’investissement émotionnel dans chaque chanson. Chaque note était chargée de sens et de passion, faisant de cette aventure musicale une expérience inoubliable.
Votre musique est engagée et revêt aussi des aspects politiques…
Absolument. Les thèmes abordés dans mes chansons, tels que la frontière Maroc-Algérie et le patrimoine matériel et immatériel de mon pays, sont le reflet de mes préoccupations profondes et de mon engagement envers mon pays et ma culture. Collaborer avec des artistes d’autres régions, comme avec l’artiste algérien Djam pour notre single «Passer les Frontières», souligne ma conviction que l’art transcende les frontières politiques et unit les peuples.
C’est quoi être artiste aujourd’hui?
En fin de compte, être un artiste pour moi, c’est être un militant pour l’humanité, car je crois fermement que malgré nos différences, nous sommes tous liés en tant qu’êtres humains, et c’est cette humanité commune qui doit guider notre travail artistique.