Chroniques

Ce que change la défaite de l’Iran pour le Maghreb !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

C’est sans aucun doute la première fois où le monde touche de manière concrète cette incapacité iranienne à se porter au secours de son instrument militaire au Liban et ce malgré les discours incandescents et les diatribes propagandistes de sa communication traditionnelle.

Il y a une réalité politique que personne ne peut contester aujourd’hui. Après la mort du chef du Hezbollah Hassan Nassrallah et l’affaiblissement manifeste du «Parti de Dieu» libanais, le régime iranien a subi une grande défaite militaire, diplomatique et symbolique. La preuve se trouve dans son incapacité à réagir militairement pour venger le coup dur porté à son proxis libanais. Jusqu’à présent et à la surprise générale, le régime de Téhéran s’est limité à une incantation médiatique et politique qui trahit sa paralysie devant les accélérations des événements sur la scène libanaise. Et même sa réponse militaire paraît plus contrôlée et plus mesurée ayant à l’avance prévenu Américains et israéliens de son Arrivée.
C’est sans aucun doute la première fois où le monde touche de manière concrète cette incapacité iranienne à se porter au secours de son instrument militaire au Liban et ce malgré les discours incandescents et les diatribes propagandistes de sa communication traditionnelle. Ce qui aggrave cette situation iranienne est le faisceau de soupçons qui pèsent de manière persistante sur les services iraniens d’avoir sinon encouragé, du moins permis l’élimination par Israël du chef du Hezbollah Hassan Nassrallah. Cette liquidation est venue couronner une série de débâcles sécuritaires restées impunies malgré les bruyantes promesses du régime iranien. Les plus célèbres étant les assassinats de Qassem Soulaymani, commandant de la force Al Qods des gardiens de la révolution, et de Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, tué au cœur de la capitale iranienne. Ce discrédit iranien est une nouvelle qui ne peut laisser personne indifférent, notamment au Maghreb. Avec le Maroc, le régime iranien est en totale rupture. Téhéran a fait le choix stratégique de construire une alliance politique avec le régime militaire algérien et soutient ouvertement sa politique antagoniste avec le Maroc. Le duo Alger / Téhéran marche la main dans la main et cultive une forme d’intimité politique, somme toute naturelle entre deux régimes qui ont choisi la stratégie du défi et de la rupture avec la communauté internationale.
Dans plusieurs rapports de renseignements, le Hezbollah libanais a été pris en flagrant délit de soutien militaire et logistique aux milices séparatistes du Polisario. Opérations facilitées et organisées par l’armée algérienne qui a trouvé là une aide inespérée dans sa politique de déstabilisation de la région.
Cette démarche du parti de Hassan Nassrallah faisait partie d’une large politique iranienne agressive à l’égard du Maroc et dont Alger était le pivot et le pont. D’ailleurs alors que le régime algérien entretenait des relations tendues avec son environnement régional, il a développé une alliance avec le régime iranien dont le fruit est qu’il a transformé l’Algérie en rampe de lancement pour l’influence iranienne en Afrique du Nord et dans la région du Sahel. Cette intimité stratégique entre Alger et Téhéran était pour beaucoup dans la méfiance, voire le rejet que suscite le régime algérien auprès de grands acteurs de la communauté internationale.
Dans sa politique névrotique à l’égard de ses voisins, le régime algérien a permis à l’Iran de poser un grand pied dans le Maghreb, entrant en collusion directe avec le Maroc.
Entre le Maroc et l’Iran, il y a un dangereux passif. Au delà de ce qui peut être perçu comme compétition religieuse entre sunnites et chiites, à la fois réelle et sublimée, le régime iranien a nourri à l’encontre du Maroc une animosités qui frisait l’irrationnel. Dans une totale complicité avec le régime algérien, Téhéran avait mis en orbite une politique de déstabilisation de tous les pays arabes et musulmans qui n’épousent pas ses agendas politiques. Pour atteindre ces objectifs, une politique de subversion et de soutien aux multiples facteurs semant le chaos dans cette région était à l’œuvre depuis des années. Combien de fois des propagandistes du régime iranien ont exprimé des menaces directes à l’encontre du Maroc comme le faisait régulièrement le faux «diplomate» iranien Amir Moussaoui devenu le chouchou des médias algériens et qui incarnait à lui seul la jonction entre l’obsession anti-marocaine du régime algérien, l’implication du Hezbollah libanais au sein des milices séparatistes du Polisario et l’agenda iranien qui vise à diviser et à affaiblir la région.
Avec la nouvelle donne politique qu’implique la chute du Hezbollah devant les coups répétés de l’armée israélienne, l’Iran perd une précieuse carte d’influence dans la région. Son inaction, son incapacité à répondre à ces attaques ont montré au monde entier le monstre aux pieds d’argile qu’étaient devenus le régime iranien et ses nombreux proxis, beaucoup plus dans la posture que dans l’efficacité guerrière ou politique.

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