Les petits clubs dénoncent leur marginalisation et la répartition "inégale" des recettes. "Acte de décès du football italien", "que vont devenir les petits clubs?"… les réactions les plus pessimistes se multiplient depuis le 23 décembre 2005, lorsque la "Vieille Dame" a annoncé par surprise un accord avec Mediaset, le groupe audiovisuel de la holding Fininvest, propriété du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.
Le club de la famille Agnelli a accordé à Mediaset l’exclusivité des droits de retransmission de ses matches à Turin pour les saisons 2007-08 et 2008-09, empochant la somme record de 218 millions d’euros.
Derrière ce chiffre astronomique – certains clubs ne dépassent pas le million d’euros annuel – se profile une victoire de Mediaset face au bouquet satellitaire Sky du magnat australien Rupert Murdoch, qui devra racheter les matches de la Juventus pour les diffuser.
L’accord provoque la fureur des dirigeants de clubs plus modestes, qui craignent une fuite en avant où seules les grosses écuries, suivies par des millions de supporteurs dans toute la Péninsule, glaneraient des sommes juteuses, laissant aux petites équipes les "miettes du gâteau".
"J’espère que la Juventus descendra sur la pelouse pour jouer seule ou contre son équipe espoir puisqu’elle fait tout dans son coin", a fustigé le président de Palerme et le vice-président de la Ligue professionnelle des clubs (Lega Calcio) Maurizio Zamparini.
Avec sept autres équipes, dont la Fiorentina, Livourne, Parme et la Sampdoria, le club sicilien a publiquement demandé à la Fédération italienne de football (FIGC) de prendre des mesures pour mettre fin à "la disparité absolue dans le traitement entre les grandes sociétés et les équipes petites et moyennes".
Pourtant, au vu des règles en vigueur, la Juventus n’a rien fait de répréhensible en se vendant au plus offrant.
"En Italie, les droits de retransmission sont individuels depuis qu’une loi a été votée en 1999" sous le gouvernement de centre-gauche de Massimo D’Alema, explique la Ligue professionnelle à l’AFP.
"Chacun peut les vendre comme il veut et à qui il veut", ajoute-t-on, pour expliquer que "l’attitude de la Juventus et de Mediaset n’a rien de nouveau".
Selon des indiscrétions de la presse italienne, Mediaset a également engagé des négociations avec l’Inter Milan et le Milan AC de Silvio Berlusconi, et les chiffres évoqués pour d’éventuels accords approchent le pactole de la Juventus, renforçant les craintes des petits clubs.
Ceux-ci exigent le retour à l’ancien système de gestion collective des droits télévisés, avec une redistribution plus équitable des recettes aux équipes par la Ligue professionnelle.
Une demande appuyée par des parlementaires italiens de tous bords politiques et par le président de la Fédération italienne de football Franco Carraro.
"La loi de 1999 doit être abrogée.", a-t-il estimé, proposant une réunion entre les dirigeants de clubs sur ce thème le 9 janvier.
Deux jours plus tôt, le championnat d’Italie reprendra sur les pelouses et Palerme, onzième du classement, recevra la Juventus, leader à la trêve avec 12 points d’avance sur son premier poursuivant.