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Cinéma / Lee : mage d’une vie photogénique

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Dans son premier long-métrage de fiction, la réalisatrice Ellen Kuras nous offre un biopic captivant sur Lee Miller, photographe et correspondante de guerre étasunienne.

Avec Kate Winslet dans le rôle-titre, Lee explore la vie tumultueuse de cette femme extraordinaire, mêlant avec habileté son parcours personnel et professionnel. Comme l’héroïne, Kate Winslet ne se contente pas d’être modèle, égérie féminine. Pour Miller, elle est devenue aussi productrice de ce film qui lui tenait particulièrement à coeur. Après avoir rencontré le fils de Miller, elle a obtenu son accord pour retracer le parcours de sa mère. L’actrice a recherché un réalisateur pendant huit ans et elle a personnellement contacté chacun des acteurs.

Des flashs contre le nazisme
Le film se concentre principalement sur la période de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle Miller documenta les horreurs du conflit pour le magazine Vogue. Lee Miller a été l’une des premières à témoigner de l’horreur des camps en se rendant avec l’armée américaine à Buchenwald et Dachau à leur libération en avril 1945. Il n’est jamais inutile de rappeler les horreurs et les ravages de l’idéologie hitlérienne, dans sa version la plus abominable avec les destins brisés et les effroyables charniers. Au milieu de ce chaos, Kuras parvient à capturer l’essence complexe de Miller : son talent artistique, son courage face à l’adversité, mais aussi ses démons intérieurs.

Winslet en plein dans le Mill(er)
Kate Winslet livre une performance remarquable, incarnant avec justesse la force et la vulnérabilité de Miller.
Elle est entourée d’un casting solide, incluant Jude Law dans le rôle de Roland Penrose, l’amant et futur mari de Miller. Notons aussi la performance de Josh O’Connor, un acteur britannique qui peaufine son art depuis son interprétation du prince Charles dans The Crown. Plusieurs actrices françaises figurent aussi au casting de ce film américain : Marion Cotillard, Zita Hanrot et Noémie Merlant.
L’art de la guerre, en clair-obscur
La photographie du film, signée Pawel Edelman, rend hommage au talent visuel de Miller, avec des compositions soignées et une lumière subtilement travaillée. Les scènes de guerre sont particulièrement saisissantes, mêlant réalisme cru et esthétique picturale. Edelman lui-même témoigne de l’authenticité apportée par Kate Winslet : « C’était stupéfiant de la voir dans son uniforme militaire, couverte de poussière, en train de mitrailler avec son Rolleiflex tandis que les balles sifflaient autour d’elle. J’ai tout de suite perçu le degré de réalisme qu’insufflait Kate à son rôle. » Le Rolleiflex, le même appareil que celui utilisé par Vivian Maier, ajoute une touche d’authenticité sonore et historique. À travers l’objectif précis de cet appareil emblématique défilent les figures marquantes de cette guerre : de la jeune affamée des camps à la femme trop vite tondue pour trahison, chaque image raconte une histoire poignante de cette époque tumultueuse. Kuras met les petits plans dans les grands

Kuras, connue pour son travail de directrice de la photographie, notamment sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind, apporte son œil aiguisé à la réalisation. Elle parvient à équilibrer les moments d’intimité et les séquences plus spectaculaires d’un film de guerre, créant un rythme qui maintient l’intérêt du spectateur.
La scène dans la fameuse baignoire restera comme iconique. Pour l’anecdote, la salle de bains a donc été construite et reproduite à l’identique, par rapport à la photo, dans un appartement de Budapest. Le scénario, basé sur la biographie de Miller par son fils Antony Penrose, ne cherche pas à glorifier son sujet. Il aborde avec franchise les traumatismes de Miller, notamment les abus subis dans son enfance et son alcoolisme, offrant ainsi un portrait nuancé et humain. Lee réussit à mettre en lumière une figure fascinante de l’histoire de la photographie, tout en questionnant le rôle de l’art face à l’horreur de la guerre. Les vers d’Eluard nous hérissent le poil. Tout comme Lee.

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