8ème édition du Forum des Centraliens et Supelec du Maroc
Contribution : Les 10 et 11 novembre 2024 s’est tenue à Casablanca la 8ème édition du Forum de l’Association des Centraliens et Supélec du Maroc. L’objectif étant de débattre et de formuler des propositions sur la contribution du secteur privé à l’échéance 2035.
Le rôle du secteur privé dans la construction du Maroc de demain aux côtés du secteur public est essentielle. En plus d’accompagner le développement des chantiers stratégiques, le secteur privé apporte son expertise pour assurer la réussite des grands projets à court, moyen et long termes. Pour en décrypter les enjeux, l’Association des Centraliens et Supelec du Maroc (ACSM) a organisé, sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les 10 et 11 novembre 2024 à Casablanca, la 8ème édition de son forum sous le thème « Maroc 2035 : Quelles contributions du secteur privé ? ».
Des capacités plus importantes pour l’innovation
S’exprimant à l’ouverture de cette conférence, Ryad Mezzour, ministre de l’industrie et du commerce, a mis l’accent d’abord sur le rôle primordial de la région dans le développement. « Le jour où on comprendra le rôle de la région dans la dynamique de développement de notre pays en lui donnant toute sa place, on aura fait 50% du chemin», a-t-il affirmé. Après avoir rappelé les grandes transformations générées par la mondialisation et les diverses crises successives, le ministre de l’industrie et du commerce a cité les efforts émis pour s’adapter à ces mutations. « Au niveau du gouvernement, nous sommes venus avec 5 choix. Le premier a été de travailler sur le renforcement de notre capacité compétitive et notre intégration profonde en disant nous avons été capables de répondre à certains défis à travers l’adaptation de nos outils, à travers notre compétitivité, et à travers l’innovation. Donc, il faut soutenir les trois en même temps et même si ce n’est pas assez on a mis en place un fonds de soutien à l’innovation », argumente Ryad Mezzour notant que ce fonds n’a été utilisé à ce jour qu’à 50%. « Cela veut dire que nous avons plus de moyens disponibles pour soutenir l’innovation que de moyens utilisés par nos capacités innovantes », relève le responsable gouvernemental. Pour ce qui est du deuxième choix, le ministre a évoqué la part accordée au secteur privé aux côtés du secteur public dans le cadre de la Nouvelle charte de l’investissement et le Nouveau modèle de développement. Le troisième choix est celui de la simplification de certaines procédures. Perfectible, la simplification a par ailleurs franchi des étapes importantes. Tout en mentionnant la différence entre la simplification et la digitalisation, le ministre de l’industrie et du commerce a indiqué que le 1/3 des process liés à l’investissement a été digitalisé. « La création d’entreprise a été complètement digitalisée y compris (…) la partie liée au registre du commerce au niveau du tribunal du commerce. Aujourd’hui, on peut créer une entreprise dans notre pays en 24h », se félicite-t-il. S’agissant du quatrième choix, M. Mezzour a évoqué la transformation du système d’enseignement et l’acquisition des compétences à partir des premières années. « Avec les écoles pionnières (…) je pense qu’on peut enfin espérer avoir un système d’éducation public performant », estime-t-il. Et comme cinquième choix, le ministre a cité la généralisation de la protection sociale. Pour le responsable gouvernemental, la généralisation de la protection sociale permet aussi de libérer les énergies en plus d’être une question de dignité.
L’emploi, une priorité pour l’Etat social
L’emploi reste un élément central de la stratégie de l’Etat social. C’est dans ce sens que Hicham Sabiry, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, chargé du travail, a mis l’accent sur les valeurs sociétales et la problématique de l’emploi. Lors de son allocution, il a rappelé les chantiers en cours et ceux mis en place par le gouvernement comme le programme d’aide au logement social, et la généralisation de la couverture médicale, ainsi que la stratégie liée à l’enseignement. Toutefois, M. Sabiry a expliqué que la question de la perte d’emplois est un axe prioritaire. « C’est la stratégie sur laquelle on doit tous travailler», relève-t-il notant que la composante essentielle dans ce schéma est le travailleur. «Le travailleur doit être protégé afin de constituer un climat sain de travail. Si on prend les dernières statistiques du CESE, 18% des grèves sont à cause de la non-déclaration à la CNSS», indique le responsable notant que cela constitue aussi une perte par exemple en termes de temps et de climat social pour l’employeur.
«Ce forum est un appel à l’action», selon Jalal Charaf
Avenir. La participation du privé aux grands chantiers de l’État (infrastructures, superstructures, grands équipements, secteurs sociaux comme l’éducation et la santé ), les secteurs porteurs pour le privé (métiers mondiaux du Maroc, niches d’avenir, export, le digital), l’initiative privée dans les territoires (spécificités régionales, économie sociale et solidaire, tiers secteur, informel), le rôle de l’État pour libérer les énergies du secteur privé (environnement des affaires, politiques publiques, financement, fiscalité, cadre juridique)…autant d’axes ont été traités lors de cette rencontre. A ce propos, Jalal Charaf, président de l’ACSM, explique: « Ce forum va bien au-delà d’une plateforme de réflexion, c’est un véritable appel à l’action ».
Lors de son intervention à l’ouverture de cette rencontre, M. Charaf a d’ailleurs indiqué : « Depuis plusieurs années notre association se distingue par son engagement citoyen et sa contribution active au débat national. Nous interrogeons notre communauté sur les défis auxquels fait face notre pays, recueillons des idées et de perspectives riches et diversifiées. Notre approche se veut concrète et pragmatique avec une ambition claire : élaborer des solutions en phase avec les réalités économiques et sociales de notre pays ».
Et d’ajouter: « Le thème de cette édition reflète notre conviction profonde que le secteur privé doit être au cœur de la construction de l’avenir de notre pays. Le Maroc regorge de potentialités immenses mais celles-ci ne pourront se réaliser pleinement qu’avec un cadre de gouvernance moderne, une croissance équitable et une capacité d’innovation continue. Je pense que notre secteur privé est disposé à assumer son rôle central dans la transformation économique et sociale de notre pays ».