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Décès de Rugova : incertitude au Kosovo

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Le président du Kosovo, Ibrahim Rugova, âgé de 61 ans, est mort samedi 21 janvier après un long combat contre sa maladie. Le défunt souffrait d’un cancer des poumons. Le décès du fervent partisan de l’indépendance du Kosovo intervient à un moment crucial pour l’histoire de cette
province serbe, administrée par l’ONU. En effet, le processus de discussions sur le futur statut du Kosovo, entrepris en novembre dernier sous l’égide de l’envoyé spécial de l’ONU Martti Ahtisaari, devrait se poursuivre la semaine prochaine. Les premières négociations directes entre Serbes et Albanais devrait avoir lieu le 25 janvier à Vienne. Cependant, en raison de la disparition de celui qu’on surnomme le "Gandhi des Balkans", la date des pourparlers a été reportée sine die. "La réunion est temporairement reportée au début février, mais nous n’avons pas de nouvelle date", a annoncé le porte-parole de M. Ahtisaari, dans une déclaration relayée par l’AFP.
Le gouvernement du Kosovo a décrété un deuil national de cinq jours. La population albanaise pleure son dirigeant. Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant la maison du président pour rendre hommage à celui qu’ils considéraient comme "le
Père de la Nation". Les obsèques d’Ibrahim Rugova auront lieu le jeudi 26 janvier a annoncé son gouvernement dimanche.
 "La famille d’Ibrahim Rugova a décidé que les funérailles du défunt auront lieu le jeudi 26 janvier à 12h00 (11h00 GMT) à Pristina", a annoncé le porte-parole du président, Muhamet Hamiti à la presse. La disparition d’Ibrahim Rugova a suscité plusieurs réactions.
Dans une déclaration à l’AFP, le chef de la Mission de l’ONU au Kosovo (Minuk), Soeren Jessen-Petersen, a jugé "tragique" le décès d’Ibrahim Rugova à un "moment décisif" pour l’avenir de la province. De son côté, le président serbe, Boris Tadic, a qualifié sa mort d’une "grande perte" pour les Albanais du Kosovo, soulignant son admiration pour le défunt. "J’espère que cela ne va pas gêner les efforts pour trouver une solution pacifique pour le statut futur de la province", a-t-il ajouté. Quant au président français, Jacques Chirac, il a salué son "rôle historique" et son "courage politique", tout en appelant à "mener à bien le processus des négociations". "La perte du président Rugova arrive à un moment qui constitue un défi à relever", a souligné le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Javier Solana.
De nombreux dirigeants ont exprimé, par ailleurs, leur inquiétude pour la stabilisation de la région. Le conflit de 1998-1999 est toujours vivant dans les mémoires. Officiellement sous souveraineté serbe, le Kosovo est administré par l’ONU depuis 1999, après que des bombardements de l’OTAN eurent contraint le régime de l’homme fort de l’ex-Yougoslavie, Slobodan Milosevic, à arrêter la répression, sur fond de "nettoyage ethnique", contre les séparatistes albanais. Cependant, les tensions ethniques restent vives plus de six ans après le conflit entre les forces serbes et les séparatistes albanais malgré le déploiement d’une force multinationale de paix (KFOR) de quelque 17.000 soldats. Les Albanais qui représentent plus de 90 % de la population du Kosovo, réclament l’indépendance, alors que Belgrade qui considère la province comme le berceau de sa culture et de son histoire, n’est disposée à accepter qu’une large autonomie.
Considéré comme l’incontestable dirigeant des Albanais, Ibrahim Rugova apparaissait, pour beaucoup, comme le seul leader capable de conduire le Kosovo à l’indépendance. Ecrivain, diplômé ès lettres de la Sorbonne, il a suscité l’admiration de la communauté international pour sa lutte pacifique contre Belgrade et la répression sous le régime de Slobodan Milosevic. Selon les observateurs, sa mort laisse sans aucun doute un grand vide politique. La question de l’indépendance du Kosovo reste pour le moment suspendue en attendant la désignation d’un nouveau dirigeant. Selon la Constitution provisoire du Kosovo, c’est le Président du parlement, Nexhat Daci, 61 ans, qui doit prendre la relève jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

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