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Chevardnadzé s’en va

© D.R

Une certaine confusion régnait à Tbilissi concernant le lieu de séjour du président démissionnaire. Certains parlent de départ à l’étranger, alors que d’autres affirmaient qu’il n’avait pas quitté la Géorgie. Lui-même semblait exclure cette dernière possibilité après l’annonce de sa démission, en déclarant qu’il allait «à la maison. « J’ai vu qu’on allait vers une effusion de sang et qu’il valait mieux que je quitte le pouvoir pour que cela se termine sans que le sang ne coule », a déclaré le patriarche de la politique géorgienne, qui avait dirigé la République soviétique de Géorgie dès les années 1970 en qualité de Premier secrétaire du Parti, et était revenu au pouvoir en 1992 après l’indépendance, et après avoir été le ministre des Affaires étrangères de l’URSS pendant la perestroïka. Les milliers de militants et de sympathisants de l’opposition, qui s’étaient emparés la veille sans rencontrer de résistance policière du centre de Tbilissi, du Parlement et du siège de la présidence, laissaient éclater leur joie dans la ville, où se multipliaient notamment les feux d’artifice et les concerts de klaxons des automobilistes. La « présidente par intérim » de la Géorgie, la présidente de l’assemblée sortante et co-leader de l’opposition avec Mikhaïl Saakachvili, Nino Bourdjanadze, a la première crié « victoire » aux milliers de manifestants rassemblés devant le Parlement. Mme Bourdjanadze doit exercer la fonction présidentielle jusqu’à une présidentielle anticipée, a souligné Zourab Jvania. Celle-ci devra, selon la Constitution, être tenue dans un délai de 45 jours, soit d’ici début janvier. « Je crois nécessaire de tenir une élection aussi vite que possible. Nous avons besoin de stabilité », a relevé Mme Bourdjanadze. Le départ de Chevardnadze laisse ses successeurs face à un défi difficile à relever. Certains problèmes, tels celui du séparatisme, toujours présents dans ce pays multiethniques, pourraient même s’aggraver. La question qui se pose maintenant est de savoir si le « révolution de velours» pourrait provoquer l’évolution des mentalités pour rompre avec le passé et initier un renouveau. La question est d’autant plus pertinente que l’opposition issue, dans sa majorité de l’école Chevardnadze, a fait ses premiers pas en politique sous sa houlette. Plus grave, beaucoup considèrent que leur alliance n’est que de circonstance et risque d’éclater à tout moment. Outre une économie en lambeaux, la nouvelle classe dirigeante est dores et déjà confrontée aux risques de séparatisme ethnique et de dissidence d’ordre religieux. Dans sa politique étrangère, Chevardnadze a manoeuvré entre les Etats-Unis, fournisseurs d’une importante aide matérielle et promoteurs d’un oléoduc censé apporter la prospérité à son pays, et la Russie, puissance régionale incontournable, fort mécontente de la construction de l’oléoduc qui fera déserter vers les marchés mondiaux le pétrole de la Caspienne sans passer par le territoire russe. Un autre défi pour les nouveaux gouvernants de la Géorgie appelés à manoeuvrer entre Moscou et Washington. D’ailleurs, le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov n’a pas manqué de mettre en garde contre les risques d’éclatement de ce pays : «Il est indispensable de respecter la constitution, du respect la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Géorgie. Tout autre approche peut faire exploser la situation, amener à la violence et menacer l’intégrité territoriale du pays». Mikhaïl Saakachvili, le dirigeant de l’opposition géorgienne, qui a contraint Chevardnadze à la démission, en est-il capable? En tout cas, il a promis au pays une «révolution de velours» sans effusion de sang et a tenu parole jusqu’à présent. Agé de 35 ans, c’est aux Etats-Unis qu’il a fait ses études d’avocat. Il maîtrise parfaitement l’anglais. Après avoir travaillé quelque temps dans une entreprise new-yorkaise, il est revenu en Géorgie en tant que protégé et rapidement leader de l’ancien parti d’Edouard Chevardnadze, «l’Union des citoyens». Puis, ils devenu ministre de la Justice en 2 000. En tant que réformateur radical, proche de l’Occident, il s’est rapidement senti mal à l’aise au sein d’un gouvernement qu’il juge miné par la corruption. Il a finalement démissionné en 2 002 pour fonder son propre parti et devenir l’un des leaders de l’opposition. Ses détracteurs voient en lui un populiste ultra-ambitieux, à la recherche de publicité.

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