Casamémoire proteste contre la démolition du Bloc Bouazza et les menaces pesant sur d’autres éléments du patrimoine architectural de Casablanca. Elle appelle à une concertation urgente pour préserver l’identité urbaine de la ville.
L’Association Casamémoire alerte sur la démolition du Bloc Bouazza faisant partie de l’ensemble urbain d’Al Hank. Dans un communiqué rendu public, elle déclare : «Depuis plus d’une décennie, des avancées significatives ont été réalisées en matière de conservation et de mise en valeur du patrimoine architectural du XXe siècle à Casablanca. Grâce à l’engagement de nombreux acteurs, institutions publiques, société civile, chercheurs et citoyens, la reconnaissance de ce patrimoine comme un atout essentiel pour le développement de la ville a progressé. Plusieurs bâtiments bénéficient aujourd’hui d’une protection effective par l’inventaire, l’inscription sur la liste du patrimoine national ou encore par leur intégration dans les plans d’aménagement». Et d’ajouter : «Des restaurations et des réhabilitations exemplaires ont été entreprises et le débat sur la place du patrimoine dans l’évolution urbaine s’est intensifié avec l’approche des événements majeurs que Casablanca et le Maroc s’apprêtent à accueillir. C’est dans ce contexte que nous avons été interpellés une première fois, le mois dernier, par la disparition d’une barre résidentielle, dite Bloc Bouazza, faisant partie de l’ensemble urbain d’Al Hank, puis plus récemment par les menaces relayées par la presse concernant les immeubles de la gendarmerie nationale situés rue Othmane Ibn Affane».
Ces deux ensembles, ajoute la même source, constituant des repères majeurs dans l’histoire architecturale et urbaine de Casablanca, sont aujourd’hui en péril. «La démolition du Bloc Bouazza et le risque de disparition des immeubles de la gendarmerie nationale soulèvent de profondes interrogations sur la stratégie adoptée pour préserver ce patrimoine collectif», relève l’Association.
En effet, Casamémoire reconnaît que la réhabilitation des ensembles architecturaux du XXe siècle peut, dans certains cas, nécessiter des interventions sur l’existant. Elle réaffirme dans ce sens qu’un tel processus «doit impérativement s’inscrire dans une concertation approfondie et un dialogue constructif avec tous les acteurs impliqués dans la sauvegarde et la valorisation du patrimoine casablancais».
«Une telle démarche, fondée sur la clarté et le dialogue, est indispensable pour garantir une évolution harmonieuse de la ville tout en préservant son patrimoine. Or, l’absence de concertation prive la ville d’une réflexion collective sur les solutions possibles et alimente une dynamique qui risque d’anéantir les efforts consentis ces dernières années pour préserver l’identité et la mémoire de Casablanca», indique-t-elle.
Adopter une nouvelle loi sur le patrimoine
Par ailleurs, Casamémoire ajoute qu’elle apporte son soutien aux initiatives récentes visant la requalification urbaine de Casablanca et l’amélioration du cadre de vie des Casablancais. «La mise à niveau des infrastructures, la réhabilitation des espaces publics et le renforcement des aménités urbaines sont des démarches essentielles pour l’avenir de la ville. Cependant, ces transformations doivent aller de pair avec le respect du patrimoine architectural et urbain, qui joue un rôle clé dans le développement économique, culturel et social de Casablanca», explique-t-elle. À ce titre, l’Association espère que «la démolition du Bloc Bouazza ne crée pas un précédent» et appelle «à une vigilance accrue pour éviter la disparition irréversible d’autres témoins majeurs de notre histoire urbaine ». Enfin, elle souligne que «la protection et la valorisation du patrimoine national ne pourront être effectives qu’avec l’adoption d’une nouvelle loi sur le patrimoine et une clarification des prérogatives et des responsabilités des différents acteurs concernés». À ce titre, elle regrette que le projet de loi présenté par le ministère de la culture, malgré sa volonté de doter le Maroc d’un cadre juridique moderne et efficace, ait été élaboré sans concertation véritable avec la société civile. «Nous invitons le ministère de la culture à ouvrir un dialogue national transparent avec toutes les parties prenantes afin qu’une loi inclusive, adaptée aux réalités locales, soit adoptée pour garantir la transmission du patrimoine national aux générations futures», conclut-elle.