Le Programme pour la sécurité hydrique vise à économiser 20 millions de mètres cubes d’eau potable dans les réseaux de distribution.
Programmes : L’Institution financière mondiale soutient le Maroc pour améliorer sa sécurité hydrique à travers deux programmes phares, à savoir le Projet pour une gestion de l’eau résiliente et durable dans l’agriculture et le Programme pour la sécurité hydrique et la résilience au Maroc.
La Banque mondiale vient de publier un document intitulé «Préserver les ressources en eau pour demain au Moyen-Orient et en Afrique du Nord». L’Institution financière mondiale soutient les pays de la région à travers des programmes visant à améliorer l’irrigation agricole, garantir l’accès à l’eau potable dans des zones touchées par un conflit ou une catastrophe, préserver les oasis, réduire les pertes d’eau dans les réseaux et améliorer le traitement des eaux usées pour assainir les plages, les villes et les communautés rurales. Son portefeuille de projets liés au secteur de l’eau, qui s’élève à 2,57 milliards de dollars, combine financements, expertise et assistance technique. Au Maroc, le Projet pour une gestion de l’eau résiliente et durable dans l’agriculture (RESWAG), financé par la Banque mondiale, améliore la gouvernance de l’eau dans la région de Chtouka et contribue ainsi au développement d’une agriculture locale plus durable et résiliente. La Banque mondiale note que dans le passé, la grande nappe phréatique de Chtouka était surexploitée et menacée d’épuisement. Pour sauver l’aquifère, il a été interdit de pomper les eaux souterraines. Une usine de dessalement a d’ailleurs été construite, la moitié de l’eau étant destinée à l’irrigation.
Dans le cadre de ce projet, des compteurs seront installés sur les puits de forage et des limites supplémentaires seront imposées pour éviter les pompages excessifs, ce qui aidera des milliers d’agriculteurs à mieux gérer les ressources en eau souterraine et à avoir accès à des ressources en eau plus sûres, provenant notamment de l’usine de dessalement. Par ailleurs, un autre programme de la Banque mondiale soutient les efforts nationaux visant à améliorer la sécurité hydrique, à savoir le Programme pour la sécurité hydrique, et la résilience au Maroc. Ce programme, qui couvre six bassins hydrographiques représentant 75 % du PIB, vise à économiser 20 millions de mètres cubes d’eau potable dans les réseaux de distribution et à rendre disponible la réutilisation de 52 millions de m3 d’eaux usées traitées, soit plus de la moitié de l’objectif national d’ici 2030. Le programme global est axé sur le renforcement de la gouvernance du secteur de l’eau, l’amélioration de la viabilité financière du secteur et de l’efficacité de l’utilisation de l’eau, ainsi que la promotion de l’intégration des ressources en eau non conventionnelles. Dans le bassin du Tensift, à Marrakech, «le stress hydrique a accompagné l’augmentation de la population de la ville et le développement économique et touristique », explique Moustapha Ramey, directeur des opérations d’assainissement de la société de distribution d’eau de Marrakech.
«C’est là qu’il faut optimiser la consommation d’eau, y compris l’agriculture et l’eau potable, tout en réutilisant les ressources disponibles à partir des eaux usées de Marrakech». La Banque mondiale fait remarquer que la région MENA est la plus pauvre en eau au monde, avec une disponibilité annuelle moyenne par habitant de seulement 480 de mètres cubes bien en deçà de la moyenne mondiale de 5.500 m3 et du seuil de pénurie absolue fixé à 500 mètres cubes. Dans certains pays, les pertes dans les systèmes de distribution atteignent jusqu’à 50 %, un niveau largement supérieur aux normes internationales. Parallèlement, la croissance démographique rapide et les effets du changement climatique aggravent encore les tensions. La population régionale, actuellement estimée à plus de 500 millions d’habitants, devrait dépasser les 700 millions d’ici 2050. La Banque mondiale estime qu’à mesure que la région MENA devient plus chaude et plus aride, la pénurie d’eau pourrait entraîner une baisse du PIB allant de 6 à 14 % dans certains pays d’ici le milieu du siècle.