Toute personne qui se comporte avec bonté et bienveillance avec les autres finit tôt ou tard par se faire rattraper par la méchanceté des gens qui ne peuvent supporter la présence d’un être aussi humain au milieu de leur troupeau.
Quand Diogène a tout liquidé pour sortir de la cité et aller loin des foules, un ami penseur lui a posé cette question : Mais comment as-tu pu te délester de tous tes biens et aller vivre dans un tonneau ? Diogène lui répond, avec sérénité : «Mon unique peur est de ressembler aux autres». Mais pourquoi quitter la cité ? Diogène assène : «Je ne tolère pas les imbéciles et ils me le rendent bien». L’idée est simple.
Elle n’a rien d’extrême. Un homme décide de se départager de ce qui l’incarcère au milieu des autres et revendique sa solitude comme unique bien. Cet homme est convaincu qu’on ne peut espérer guérir en restant dans le même environnement qui nous a rendu malade. Cet homme est également convaincu que les hommes, qui, par leurs sentiments, appartiennent au passé, et par leurs pensées à l’avenir, trouvent difficilement place dans le présent. Il est aussi persuadé que depuis que l’humanité existe, seuls ceux qui disent la vérité sont cloués au pilori. Si tu veux vivre au milieu des masses, tu dois partager leurs mensonges, leurs illusions, leurs croyances… et si le besoin de dire la vérité te prend, fais-le et exile-toi. Dénonce l’injustice et tu verras comment tout le monde va te haïr. Tu seras une cible mouvante.
Car, tu représentes un danger pour le conglomérat. Tu es ce grain de sable qui fait coincer la machinerie. Tu es un attentat contre l’ordre établi. Quand tu sais que la meilleure aptitude à la force chez un homme est de pouvoir se tenir à l’écart des foules, là, tu deviens un danger à combattre. Il est clair que tout individu sensé finit par comprendre que la solitude loin des gens offre un avantage considérable loin de la bassesse et de la misère de l’esprit de l’écrasante majorité des gens. Le pire chez cette masse humaine hagarde est la misère du cœur et de l’esprit qui pousse toute cette horde à plus de cruauté et de haine. Et le premier à en faire les frais, c’est celui qui le voit, qui s’y oppose, qui le dénonce et qui décide de sortir des rangs.
Dans cette situation, toute personne qui se comporte avec bonté et bienveillance avec les autres finit tôt ou tard par se faire rattraper par la méchanceté des gens qui ne peuvent supporter la présence d’un être aussi humain au milieu de leur troupeau. Car, il faut savoir que toute méchanceté a sa source dans la faiblesse des foules, de tous les adorateurs des groupes et autres cliques.
Ces mêmes conciliabules qui sèment la haine de tous les esprits libres partout dans la société. Dans ce sens, demandons-nous, pourquoi les tragédies existent ? Parce que les gens sont remplis de haine et de rage.
Et pourquoi les gens portent en eux autant de haine ? Parce qu’ils sont pleins de rancœur et de ressentiment. Parce qu’ils accusent tout le monde de leurs maux et en veulent à la terre entière, alors qu’au bout du compte, chacun de nous est responsable de ses actes et de ses choix. C’est cette responsabilité que tout le monde fuit.
C’est toujours la faute de l’autre, à plus forte raison si cet autre est un individu qui a choisi sa propre voie et sa propre philosophie de vie. Là, en prenant un autre chemin, il bouleverse la marche du troupeau, qui file droit vers l’abattoir. Et comme dans nos sociétés, rares sont ceux qui peuvent réellement penser. Beaucoup trop nombreux sont ceux qui s’empressent d’avoir des opinions dont la première est de vous juger d’hérétique, sans vous connaître, sans jamais vous avoir vu, ni fréquenté, ni jamais vous avoir serré la main. Pourtant, tout le monde souscrit à ton anathème. Ce qui confirme l’idée que nous sommes comme des livres. La plupart des gens ne voient que notre couverture, la minorité ne lit que l’introduction, beaucoup de gens croient les critiques. Peu connaîtront le contenu.
Ce qui conduit à des autodafés et des nuits de cristal où l’esprit est traqué comme un monstre qui menace la quiétude hébétée de la société. C’est pour cette raison que de très nombreuses personnes ne peuvent jamais vous apprécier encore moins être dans vos sillages, pour la simple raison que votre esprit bouscule leurs démons. Comme celui qui te voue une haine profonde sans raison ne cessera jamais de te vouloir le pire, parce qu’à chaque fois qu’il te voit, il est rattrapé par ce qu’il ne sera jamais. Tu as beau lui dire :
«Si tu as des yeux, pourquoi tu te comportes avec les autres à partir de ce qu’on te dit ! Regarde et vois et n’écoute jamais ce que les autres disent. Penses-y un instant : tu penses que je suis ton ennemi alors que je ne te connais même pas. Pire, tu ne me connais pas non plus!», tu peux être certain que n’importe quel minable dans ce monde peut tuer ton travail et tes pensées, juste en ayant trois armes dévastatrices : la jalousie, la bêtise ou n’importe quel type de pouvoir sur les esprits libres.
Dans ce type de démarches, il faut garder à l’esprit que tu n’as pas besoin d’être fort pour créer une crise. Il faut juste être bête.
Et des imbéciles, ils sont légion et en rangs serrés. A telle enseigne que je suis convaincu que cette planète est utilisée par d’autres planètes à fin d’y exiler des imbéciles. Ce qui confirme l’idée selon laquelle, l’âne ne participe jamais à la course des chevaux. Mais il se moque toujours du cheval perdant, tout comme les mulets se vantent toujours que leurs ancêtres étaient des chevaux. Ce qui nous ramène à Diogène à qui son ami demande : «mais on ne peut vivre seul en ne dépendant de personne !».
Diogène rétorque, avec conviction : dans cette vie, il faut à tout prix éviter de dépendre de qui que ce soit, parce que même votre ombre vous abandonne quand vous êtes dans le noir. Tout comme il ne faut jamais se fier à celui qui a violé une fois sa parole. Car, les véritables amis sont comme les étoiles, tu ne peux les reconnaître que quand il fait sombre autour de toi. Et dans la société, l’esprit libre se rend vite compte qu’il est entouré de personnes qui mangent avec le loup, aboient avec le chien et pleurent avec le berger. Sans oublier mon ami, que tu ne manqueras à personne tant qu’il n’a pas besoin de toi.
C’est ce que les jours m’ont appris. Garde ceci à l’esprit : «si tu as de bonnes relations avec tout le monde, saches que tu es un hypocrite de première». Alors, face à tous les avaleurs de charrettes ferrées, devant tous les accapareurs de merde d’abeille, en réponse à tous les caliborgnons, face aux paillasses à marmitons, il faut tenir ferme et leur dire d’aller se faire voir ailleurs !