Culture

Entretien avec Anouar Swidi, chanteur : La chanson amazighe évolue considérablement, elle introduit d’autres instruments de musique modernes

© D.R

Dans cet entretien, Anouar Swidi, jeune chanteur originaire de Tabia relevant de la province d’Azilal, met l’accent sur les spécificités de ses chansons arabes et surtout amazighes, leurs paroles, leurs thèmes et leurs objectifs.

ALM : Qui est Anouar Swidi ?
Anouar Swidi : je suis originaire de Tabia, province d’Azilal. J’ai commencé mon parcours artistique en 2006 et mon premier album a vu le jour en 2018 avec ma première chanson amazighe «Ida zmane Ntayri» (Révolu le temps de l’amour) qui a été pour moi une consécration. Cette chanson porte sur la belle époque de l’amour authentique. Mon vrai nom est Anouar Oumaala, d’Ait Oumaala, relevant d’Ait Attab, non loin d’Ouzoud connue pour ses cascades et ses potentialités naturelles. Mon instrument de musique appelé Loutar était celui de mon père qui était un musicien amateur. Et grâce à ma passion, j’ai appris à jouer de cet instrument qui m’a ouvert des horizons artistiques nouveaux.

Est-ce que la chanson amazighe a réalisé des progrès et quels sont ses objectifs ?
Evidemment. Avant, on écoutait la chanson amazighe mais on était incapable de connaître celui ou celle qui la chantait. De nos jours, et grâce au développement de la communication et des techniques modernes de l’audiovisuel et d’information, la chanson en général a connu son apogée. La chanson amazighe avec ses paroles, ses danses folkloriques constitue un patrimoine culturel marocain qu’on est tenu de protéger et de pérenniser. Ce genre de chansons s’assigne pour objectif de redorer le blason de notre identité culturelle, de nos traditions et de notre patrimoine artistique et folklorique que nous avons hérités de nos ancêtres. Rappelons aussi qu’Ait Attab est connue par un autre genre de chanson, c’est Abidat Rma.

Quels sont les thèmes que traite la chanson amazighe ?
Les thématiques de ce genre de chanson portent, entre autres, sur la santé, les parents, l’amour… Dernièrement, j’ai chanté une chanson (vidéoclip) qui a mis en exergue les potentialités touristiques de la province d’Azilal, à Tabia, Bin El Ouidane, Azilal, Ouzoud… parce que je suis originaire de ces contrées paradisiaques. Ainsi, cette chanson est arrivée à attirer un grand nombre de touristes et de visiteurs qui ont visité les lieux précités. Je chante aussi des chansons en arabe dialectal sur la résistance pour ériger en piédestal l’épopée de nos résistants comme Ahmed El Hansali… Je voudrais bien que nous bénéficions d’un soutien matériel car la chanson est un projet qui a grand besoin de moyens matériels. Nos chansons véhiculent un grand nombre de messages qu’on transmet à travers notre musique, nos danses et les paroles de nos chansons. En plus, le choix des sujets de ces chansons va de pair avec les évènements actuels qui se déroulent à une époque donnée. Ce sont des sagesses qui s’adressent à un public donné via la musique et les paroles de nos chansons.

Notez qu’on ne chante pas seulement pour danser et passer le temps. Et lorsqu’on aborde le sujet des parents dans une chanson par exemple, on donne des conseils aux jeunes pour qu’ils obéissent à leurs parents tout en mettant l’accent sur le rôle que jouent le père et la mère dans la vie de leurs enfants. On peut chanter sur l’amour d’aujourd’hui pour dire au public que tout a changé et que le vrai amour c’était celui d’antan, de nos ancêtres… La musique amazighe a considérablement évolué dans la mesure où elle commence à recourir à d’autres instruments de musique modernes. Personnellement, Loutar et le Bendir sont considérés comme la pierre angulaire de l’existence et de la pérennisation de nos chansons amazighes. «La chanson est dans le quotidien de chacun : c’est sa fonction, sa force sociale, satirique, révolutionnaire, anarchiste, gaie, nostalgique…Elle ramène chacun de nous à son histoire» pour reprendre une citation de Barbara, artiste, chanteuse et musicienne.

Avez-vous participé à des festivals nationaux et internationaux ?
Oui j’ai participé à des festivals nationaux et internationaux en Malaisie… Les festivals m’encouragent à aller de l’avant, à exceller dans mon parcours artistique, à rencontrer d’autres chanteurs… Dans la province d’Azilal, on organise plus de 15 festivals. Mais je souhaite que nous ayons l’occasion de participer à plusieurs festivals en tant que chanteurs originaires d’Azilal ou de sa province. Il faut donner la priorité de la participation aux festivals d’abord aux «fils de la province». Ainsi, je remercie vivement M. le gouverneur de la province d’Azilal, les autorités locales, les présidents des collectivités territoriales relevant de la province d’Azilal, les organisateurs des festivals… pour les efforts considérables qu’ils ne cessent de déployer pour que ces festivals portent leurs fruits.

Related Articles

Culture

Tomber de rideau sur le Festival international de poésie de Casablanca

La 1ère édition du Festival international de poésie de Casablanca s’est clôturée,...

Culture

La dernière tête d’affiche de l’OLM dévoilée : 50 Cent rejoint le prestigieux casting du Festival Mawazine !

Icône internationale de la musique et entrepreneur accompli, Curtis «50 Cent» Jackson...

CultureUne

Hommage à Mohamed Choubi : Adieu l’ami

Il fait partie des rares acteurs dignes de ce nom. Il est...