Dans cet entretien, Nadia Benjelloun parle de l’objectif du festival des Trois Rives dans sa première édition et sa particularité par rapport à d’autres événements culturels et artistiques organisés au Maroc.
ALM– Qu’est-ce qui distingue ce festival des autres événements culturels et artistiques organisés au Maroc ?
Nadia Benjelloun : J’ai choisi de créer un festival interdisciplinaire, avec de la musique et du chant, mais aussi des rencontres littéraire et de poésie. Tanger se distingue par sa situation géographique entre la puissance de l’Atlantique et le calme apparent de la Méditerranée. J’ai essayé de créer à travers le programme de ce festival des passerelles entre les arts. A titre d’exemple, nous avons assisté à une belle rencontre, où le poète Pierre Astan a présenté ses poèmes sur la musique de Tigrane Kazazian. L’idée est de créer un lieu de communion et de convivialité où des artistes, des écrivains et des poètes puissent vivre ensemble pendant quatre jours, s’entendre et s’échanger entre eux.
Est-ce que Tanger vous a inspirée dans la préparation du programme de ce festival ?
J’adore Tanger et j’en ai un attachement particulier. J’ai voulu que la programmation de ce festival soit à l’image de Tanger.
J’y ai séjourné plusieurs fois. Tanger est une ville magique et de voyages, c’est pourquoi j’ai intitulé ce festival «des Trois Rives». De ces trois rives, celle du Nord, qui nous amène à l’Europe et au-delà. Celle du Sud qui trace le début de la frontière du Maroc et la troisième, celle que chacun voit selon les penchants de son âme et du temps qui passe, comme un rêve d’ailleurs, d’ouverture à l’autre, de spiritualité ou de contemplation.
Comment avez-vous procédé au choix des artistes pour cette première édition ?
Nous avons voulu faire du festival des Trois Rives un événement interdisciplinaire avec des artistes qui diffèrent dans le style et le rythme de leur musique, les uns des autres. Nous avons invité la chanteuse Jahida Wehbé, qui m’est très chère, à se produire à l’ouverture de cette première édition. Elle se distingue non seulement par sa voix magnifique, mais également par la composition de sa musique. Jahida Wehbé a fait un beau spectacle, pleine de grâce et de générosité. Elle a été accompagnée sur scène avec des musiciens de grands talents, originaires de la Grèce, du Maroc et du Liban. Jahida Wehbé a été suivie le lendemain sur scène par Itaca Band au Palais des arts et de la culture. C’est un groupe qui vient de Catalogne et connu par son explosion de rythmes et d’énergie. Le programme de cet événement comporte des concerts avec d’autres artistes internationaux et avec beaucoup de musiques différentes les unes des autres. Et comme le festival se tient au Maroc, l’oudiste et musicologue Omar Metioui a été invité, avec son ensemble Al Shustari de chants et musiques soufis, jouer des morceaux de musique arabo-andalouse aux jardins de la Mendoubia. Le festival est clôturé par la chanteuse lyrique marocaine Samira Kadiri, accompagnée de son orchestre au Palais des arts et de la culture.
Comment expliquez-vous votre programmation à une rencontre littéraire dédiée au mouvement littéraire et artistique américain « Beat Generation» créé il y a plus de 70 ans ?
Des écrivains et des artistes de la Beat Generation ont marqué l’histoire de Tanger. Ils sont devenus des légendes, dont les écrits, poèmes, peintures et dessins restent et rappellent cette période historique exceptionnelle. Le programme du festival a comporté deux autres rencontres littéraires, l’une est de savoir comment les écrivains ressentent et écrivent
Est-ce que ce festival gardera le même objectif pour sa deuxième édition ?
Le festival des Trois Rives gardera le même objectif que la première édition. Car il se tiendra à Tanger, qui va continuer à vivre dans sa diversité culturelle, dans l’ouverture et surtout dans la liberté.