«Tenant compte des anticipations inflationnistes rassurantes au Maroc, nous n’excluons pas une nouvelle action de baisse du taux directeur de BAM d’ici la fin d’année 2025».
Baissera, baissera pas? Le marché financier est suspendu à la prochaine décision de la banque centrale concernant le taux directeur. En effet, Bank Al-Maghrib (BAM) s’apprête à tenir dans la semaine prochaine son conseil d’administration. En attendant, le marché anticipe déjà une nouvelle baisse. C’est le cas pour BMCE Capital Global Research (BKGR) qui indique que BAM devrait opter pour une baisse du taux directeur de 25 points de base lors de son prochain conseil trimestriel du 24 juin, selon 63% des investisseurs institutionnels marocains ayant participé au dernier sondage de BKGR. Cette prévision tient compte de la poursuite du cycle d’assouplissement de la Banque centrale européenne et d’une inflation bien maîtrisée au Maroc accompagnée d’une activité économique bien orientée mais très demandeuse en financement, indique BKGR dans son document «Flash Strategy». «Toutefois, la banque centrale pourrait intégrer dans son prisme d’analyse les impacts possibles, notamment au volet de l’inflation, du conflit armé entre l’Iran et Israël», souligne la même source. BKGR fait remarquer que cette réunion du conseil de BAM intervient dans un contexte international marqué par une volatilité persistante alimentée notamment par la politique monétaire ultra protectionniste adoptée par les Etats-Unis et les tensions commerciales avec la Chine ponctuées de négociations intermittentes entre les deux puissances. Le sondage réalisé par BKGR révèle aussi que 88% des investisseurs estiment que la politique monétaire actuelle est adéquate et que 75% s’attendent à deux baisses des taux en 2025 de 25 pbs chacune. En outre, 100% des sondés estiment qu’il est peu probable que BAM augmente son taux directeur en 2025, notamment en cas de résurgence des pressions inflationnistes au cours de l’année.
Détente des taux
De son côté, Attijari Global Research (AGR) annonce dans sa dernière analyse que la détente des taux obligataires entamée en 2024 s’est poursuivie durant le T1-25 dans un contexte marqué par le repli de l’inflation au Maroc, l’amélioration des perspectives économiques et l’enclenchement d’un cycle monétaire accommodant de Bank Al-Maghrib. «Par ailleurs, le Maroc concrétise en mars 2025 son 1er emprunt à l’international et ce, après deux années d’absence. Une émission de 2,0 MM€ permettant à la fois de réaffirmer la qualité de signature du Royaume et de soutenir la tendance baissière des taux au niveau local. Nous assistons aujourd’hui à une amélioration des perspectives économiques en dépit d’un contexte international tendu. Le dynamisme de la croissance au Maroc sera soutenu par le redressement de la composante agricole et par le raffermissement de la demande intérieure sous l’effet du démarrage du super-cycle d’investissement», précise la même source, soulignant que les finances publiques demeurent confortables, à travers un déficit budgétaire du Trésor de seulement 17 MMDH à fin avril 2025.
Tendance baissière
«À l’origine, la maîtrise des dépenses de compensation dans un contexte marqué par la détente des prix énergétiques, la hausse des recettes fiscales et l’activation des financements innovants pour la 5ème année consécutive. Selon notre propre lecture, nous restons convaincus que les taux devraient poursuivre leur tendance baissière d’ici la fin de l’année 2025», explique AGR. Pour cette dernière, ce scénario est soutenu par plusieurs facteurs. Il y a tout d’abord la stratégie de financement extérieur du Trésor. La dernière sortie en devise semble rassurer les investisseurs quant à la capacité du Trésor à achever les financements extérieurs estimés dans la loi de Finances 2025. Ces financements couvriraient 89% du besoin de financement net du Trésor en 2025, soit des tirages de 60 MMDH en 2025 contre 40% durant les deux dernières années. Ensuite, les observateurs évoquent une marge de manœuvre supplémentaire de BAM pour assouplir sa politique monétaire. «Tenant compte des anticipations inflationnistes rassurantes au Maroc, nous n’excluons pas une nouvelle action de baisse du taux directeur de BAM d’ici la fin d’année 2025, pour un taux d’équilibre à 2,0%», indique AGR.
Inflation maîtrisée
La même source ajoute qu’au niveau national, l’activité économique demeure impactée par la récurrence de la sécheresse et les conséquences du stress hydrique. Néanmoins, les efforts du Royaume pour attirer l’investissement permettraient un meilleur dynamisme de l’économie marocaine sur le moyen terme. Ainsi, la croissance devrait se consolider à 3,9% en 2025, puis à 4,2% en 2026. Une accélération soutenue par la récolte céréalière qui évoluerait de 35 MQx en 2025 à 50 MQx en 2026. «L’inflation a sensiblement décéléré en 2024, soit à 0,9% après les niveaux élevés enregistrés durant 2022-2023 de plus de 6,0%. Au terme du mois d’avril 2025, l’inflation a évolué en dessous de la cible de BAM de 2,0% pour s’établir à 0,7%.
À noter que la soutenabilité des conditions climatiques défavorables pourrait entraîner une hausse des prix des denrées alimentaires, impliquant un retour des pressions inflationnistes. À fin avril 2025, la situation des finances publiques fait ressortir un déficit budgétaire de 17,5 MDH contre 6,0 MMDH à fin avril 2024. À l’origine, la performance des recettes de l’État grâce aux composantes fiscales (IS et IR) qui ont augmenté de +19,8 MMDH (+19,3%) en une année. À cet effet, le solde ordinaire ressort positif à +2,5 MMDH durant la même période», explique-t-on. Et de conclure: «La tendance de l’évolution des taux au Maroc demeure baissière durant cette première période et ce, en dépit du léger retour de l’aversion au risque des investisseurs au sein des marchés financiers.
Le mouvement d’aplatissement de la courbe obligataire enclenché en 2024 s’est ainsi poursuivi en 2025. Cette évolution est principalement attribuée à plusieurs facteurs: (1) la baisse des exigences de rentabilité des investisseurs dans un contexte de reflux des pressions inflationnistes, (2) une bonne maîtrise de l’Offre du Trésor sur le marché intérieur tenant compte de la sortie à l’international et d’une situation confortable des finances publiques et finalement, (3) la réduction de -25 pbs du taux directeur de BAM en mars 2025, impactant à la baisse la partie courte de la courbe obligataire».
Baisse
Réunion. La décision du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) de réduire le taux directeur à 2,25% avait pris effet le 20 mars 2025, annonce la banque centrale dans un communiqué. Lors de sa première réunion trimestrielle de 2025, le conseil de BAM a décidé de réduire, pour la deuxième fois consécutive et la troisième depuis juin dernier, le taux directeur de 25 points de base (pbs), à 2,25%. Cette décision tient compte de l’évolution prévue de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et en vue de renforcer son soutien à l’activité économique et à l’emploi. Pour rappel, le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi 18 mars sa première réunion trimestrielle au titre de l’année 2025. Lors de cette session, il a analysé l’évolution de la conjoncture économique, nationale et internationale, et celle récente en matière de politiques publiques au Maroc, ainsi que les projections macroéconomiques de la banque à moyen terme. Compte tenu de l’évolution prévue de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et en vue de renforcer son soutien à l’activité économique et à l’emploi, le conseil avait décidé de réduire, pour la deuxième fois consécutive et la troisième depuis juin dernier, le taux directeur de 25 pbs, à 2,25%. Il continuera de suivre de très près l’évolution de la conjoncture et de fonder ses décisions réunion par réunion sur la base des données les plus actualisées.














