Éditorial: Voisinage réinventé

«Quelle chance pour l’Europe d’avoir le Maroc comme voisin et quelles opportunités formidables l’Europe peut et doit offrir au Maroc !»
Ces mots, prononcés par l’ambassadeur de France, Christophe Lecourtier, à l’occasion des festivités du 14 juillet à Rabat, ont résonné bien au-delà des salons où ils ont été dits. La réception a d’ailleurs attiré une affluence record (lire en page 7), signe d’un intérêt croissant pour une relation qui dépasse les convenances diplomatiques pour toucher au cœur même d’un partenariat stratégique.
Ce témoignage tombe à point nommé, puisqu’il coïncide, par un heureux hasard du calendrier, avec la 5e réunion ministérielle UE-voisinage Sud qui se tient cette semaine à Bruxelles. Une réunion où le Maroc est présent en force et en bonne place, à la mesure de la profondeur et de la densité de ses relations avec l’Europe.
Faut-il rappeler qu’au sein de ce voisinage Sud de l’Europe, le Maroc reste le seul pays d’Afrique du Nord à bénéficier du Statut avancé — l’autre partenaire privilégié étant la Turquie ? Un positionnement enviable, fruit d’une constance, d’une vision et de liens patiemment tissés au fil des décennies, voire des siècles, à travers l’Histoire, la culture, la géographie et les échanges humains.
Dans un monde de plus en plus fragmenté, cette proximité entre le Maroc et l’Europe est bien plus qu’une simple commodité : elle est presque une nécessité mutuelle. Pour l’Europe, le Maroc est un partenaire sûr, crédible et stable dans une région tourmentée, une passerelle vers l’Afrique et un rempart face aux turbulences. Pour le Maroc, l’Europe reste un moteur de développement, une source d’investissement, de savoir-faire et d’opportunités.
Ce partenariat, les Européens ont aussi compris qu’il ne peut rester prisonnier de la logique obsolète «Nord-Sud». Il doit désormais se réinventer à la hauteur des défis communs — transition énergétique, sécurité alimentaire, souveraineté numérique, migration, lutte contre le changement climatique, relance économique, innovation… Autant de chantiers où le Maroc a montré qu’il ne se contente plus de suivre, mais peut aussi et de plus en plus jouer les précurseurs.