Le gouvernement vient d’attribuer aux trois opérateurs nationaux les licences 5G.
Le déploiement de cette nouvelle génération mobile devrait démarrer prochainement, avec pour objectifs une couverture de 45% de la population d’ici fin 2026, puis de 85% à l’horizon 2030. Le tout nécessitera un investissement colossal estimé à près de 80 milliards de dirhams (lire les détails en pages 4 à 6).
L’annonce a été faite en marge du conseil d’administration de l’ANRT, le régulateur national, au cours duquel, d’ailleurs, la question de la couverture a été abordée de manière approfondie. Le message du Chef du gouvernement a été sans ambiguïté : la généralisation de la couverture, notamment dans les zones rurales, reculées et montagneuses, doit constituer une priorité absolue, sans délai ni dérogation.
Sur le papier, le tableau semble encourageant. La couverture 4G et 3G dépasse déjà et largement les 90% au niveau national. Pourtant, entre ce que dit la carte, ce que vivent les citoyens et ce qui circule dans l’opinion, un fossé persiste.
La réalité technique et physique est là : le réseau existe bel et bien, dans sa large majorité. Mais du côté des utilisateurs, plusieurs freins subsistent. D’abord, beaucoup ne disposent tout simplement pas d’un terminal compatible – notamment un smartphone – et ne peuvent donc accéder qu’à la voix, sans profiter des services data. Ensuite, certains usagers exigent une couverture par un opérateur précis – celui de leur contrat – et refusent d’utiliser les services des autres, même si ces derniers sont techniquement disponibles dans leur zone. Dans les régions reculées, cela rend le service disponible… mais inutilisé, donc invisible.
Résultat : un ressenti de non-couverture, renforcé par des perceptions souvent déconnectées de la réalité technique. Et comme toujours, certains n’hésitent pas à exploiter ce flou pour alimenter un discours populiste ou polémique, colportant une image d’abandon ou d’inefficacité qui ne résiste pas à l’analyse.
Entre la réalité des infrastructures, les usages réels et les représentations collectives, il devient urgent de rétablir les faits, tout en poursuivant l’effort de couverture avec équité, lucidité et pédagogie.














