Chroniques

Les possibles réponses d’Alger à la main de Rabat

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

l’offre marocaine est une démarche de vainqueur généreux qui tient à ne pas enfoncer l’adversaire dans les affres de la défaite. Le Maroc part du principe qu’un compétiteur, en l’occurrence le régime algérien acculé à poser un genoux à terre, menacé d’extrême isolement doit avoir la possibilité de négocier un compromis qui allège les effluves de la défaite.

Il est possible de considérer qu’Alger a déjà répondu à la main de réconciliation tendue par le Maroc lors du discours du Trône, à décrypter les commentaires de la presse officielle algérienne qui traient la démarche marocaine avec déni et légèreté.
Mais il est aussi possible d’affirmer que les autorités algériennes n’ont toujours pas répondu à l’offre marocaine tant qu’une position officielle n’a pas été ouvertement exprimée par le pouvoir algérien, ou par la présidée la république ou le ministère des affaires étrangères.
Dans le premier cas, la presse reflète généralement l’état d’esprit et le mood général du pouvoir. Ce qu’on n’ose pas dire et assumer, on le glisse à travers la propagande officielle. Dans le second cas, le régime se laisse encore la possibilité de changer en fonction des évolutions de la situation et de ses intérêts vitaux.

Ceux qui pensent que cette main royale tendue aux Algériens ressemble à celles qui l’ont précédée se trompent légèrement. La raison.il faut placer la démarche marocaine dans son contexte international. L’offre de négociation avec l’esprit de sauver la face à l’adversaire en lui garantissant une sortie par le haut intervient dans des conditions internationales extrêmement favorables au plan d’autonomie proposé par le Maroc. Le Royaume a réussi à convaincre les grands acteurs de la diplomatie mondiale de la viabilité de la solution qu’il propose et la communauté internationale incarnée par les Nations unies s’apprête à inscrire dans le marbre de la légalité internationale cette solution marocaine.
Ainsi l’offre marocaine est une démarche de vainqueur généreux qui tient à ne pas enfoncer l’adversaire dans les affres de la défaite. Le Maroc part du principe qu’un compétiteur, en l’occurrence le régime algérien acculé à poser un genoux à terre, menacé d’extrême isolement doit avoir la possibilité de négocier un compromis qui allège les effluves de la défaite.

Aujourd’hui le régime algérien se trouve à la croisée des chemins devant deux choix uniques. Le premier est de saisir cette main tendue du Maroc, d’épouser la dynamique de la réconciliation, de monter dans le train du compromis. Et dans ce cas toute sa politique des prochains mois, voire années, consistera à aider le Maroc et la communauté internationale à émettre en œuvre le plan d’autonomie marocain. Ce régime algérien agira sur deux niveaux essentiels. Le premier est la gestion des camps des réfugiés pour faciliter les vrais Sahraouis à rejoindre leur patrie marocaine. Le second est celui de veiller à désarmer les milices armées du Polisario et à leur trouver une solution sécuritaire pour qu’elles cessent de constituer une menace pour la stabilité de la région.

Le second choix qui s’offre au régime d’Alger est d’ignorer cette offre marocaine et de continuer sa stratégie de l’escalade et de la rupture avec le Maroc. Ce choix, le plus probable selon les connaisseurs de l’ADN politique du pouvoir actuel algérien, aura un impact dangereux sur le pays. Déjà isolé diplomatiquement, encerclé politiquement, Alger, en refusant la main de la réconciliation marocaine, risque d’aggraver sa solitude et ses ruptures avec la communauté internationale sur le même modèle qui caractérise les expériences iranienne et nord-coréenne.
Avec la nature des évolutions politiques internationales favorables au Maroc comme vient de le montrer l’irréversibilité de la position américaine contenue dans le dernier message de Donald Trum au Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, le risque est grand pour le régime algérien qu’une solution soit validée sans la participation d’Alger.

Dans ce cas cette solution sera imposée au régime algérien à travers une arsenal de pressions inédites parmi lesquelles se trouve la décision stratégie de mette le Polisario sur la liste des organisations terroristes et de transformer de facto le régime algérien en pays parrain du terrorisme. Cette nouvelle situation appellera une série de sanctions politiques et économiques qui rendrait inévitable à termes la chute de ce régime.
Alger est devant un choix cornélien. Ou participer avec le Maroc à la fabrication d’une sortie de crise à cette discorde saharienne avec un esprit gagnant gagnant, ou devoir subir les conséquences d’une solution produite aux Nations unies sans l’Algérie avec l’obligation de la respecter sous peine de subir l’ire de la communauté internationale.

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