La vie d’Emmanuel Macron s’est distinguée ces derniers mois par une intense activité diplomatique. Pour certains, il s’agit d’un mécanisme de compensation au sein de sa gouvernance. Parce qu’à cause d’une dissolution mal inspirée il avait perdu sa majorité confortable au Parlement, il ne disposait plus d’une marge de manœuvre aussi élargie et se serait jeté à fond dans le spectre de l’actualité internationale. Trois dossiers accueillent actuellement son investissement. La Palestine, l’Ukraine, l’Algérie.
Sur la Palestine, Emmanuel Macron a réellement créé la différence. Depuis qu’il a annoncé l’intention de la France de reconnaître l’Etat palestinien indépendant en septembre lors d’un sommet dédié à l’ONU, un effet boule-de-neige s’est construit autour de son initiative. Des pays comme la Grande-Bretagne et le Canada qui étaient politiquement loin des préoccupations palestiniennes ont rejoint son initiative. Cette initiative de Macron lui a valu une hostilité assumée du gouvernement de Benyamin Netanyahou qui non seulement multiplie les attaques contre lui mais aussi les initiatives sur le terrain comme la réoccupation et la prise de contrôle de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, dans une sorte de course contre la montre pour rendre inopérante toute reconnaissance internationale du futur État palestinien.
Le second front dans lequel Emmanuel Macron s’est investi et s’est distingué c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le président français a incarné, malgré lui, l’esprit d’une résistance européenne à une volonté américaine d’imposer une solution concoctée avec les Russes aux Ukrainiens et aux Européens. Avec les Britanniques, Emmanuel Macron anime la coalition des volontaires , une coalition qui regroupe les pays disposés à déployer des hommes en Ukraine pour participer « aux garanties de sécurité » demandées par Kiev avant de signer le moindre accord de paix avec Moscou.
Emmanuel Macron défend ces garanties de sécurité et se heurte parfois aux réticences de ses homologues européens comme l’a si bien illustré la crise diplomatique avec l’Italie dont le leadership refuse de participer à cette opération de déployer des soldats européens sur le territoire ukrainien.
Le troisième front dans lequel Emmanuel Macron s’est distingué touche à la relation entre la France et l’Algérie. Après avoir longtemps observé un silence diplomatique assimilé à une neutralité politique, le président français est sorti de sa réserve pour froncer les sourcils à l’encontre des autorités algériennes. En décidant de priver son élite qui dispose du passeport diplomatique du visa automatique, Emmanuel Macron avait franchi un pas dans la profonde crise qui oppose Alger à Paris. Les autorités algériennes étaient restées estomaquées par cette décision. Elles avaient construit leurs narratifs politiques sur une extrême droite nostalgique de l’époque coloniale qui développe une haine particulière à l’égard des Algériens. Elles se retrouvent face à Emmanuel Macron, président de la République, en train de sanctionner leurs comportements erratiques.
Le quatrième front qu’Emmanuel Macron aura à gérer dans les prochaines semaines touche la situation politique et économique interne à la France. Des mouvements sociaux, partis politiques et centrales syndicales se sont donné rendez-vous le 10 septembre pour bloquer la France et exiger que le gouvernement de François Bayrou recule sur sa politique d’austérité. À scruter les annonces et les prévisions sur cette rentrée, l’impression est lourdement installée qu’une ambiance « Gilets Jaunes » dont la puissance sera multipliée par dix couvrira la France de cette rentrée politique de septembre.
Face à cette situation, il n’est pas exclu de voir trois hommes politiques se réjouir ouvertement des malheurs à venir d’Emmanuel Macron et même recourir à leur capacité d’influence pour agir sur ces réalités. Le premier est Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël, pour qui un Macron faible en interne aura peu de crédibilité et de puissance pour imposer et dynamiser l’idée d’un État palestinien indépendant à l’international.
Le second est le Russe Vladimir Poutine pour qui un Emmanuel Macron handicapé en interne n’aura plus les mêmes capacités à exiger de manière aussi vocale les garanties de sécurité refusées par Moscou dans son bras de fer avec Kiev. Vladimir Poutine est connu pour entretenir des relations privilégiées avec la galaxie de l’extrême droite.
Et le troisième est le président algérien Abdelmadjid Tebboune dont le pays possède des moyens d’actions et d’influence sur le territoire français, diaspora et relais politiques, pour compliquer avantage le vécu politique d’Emmanuel Macron.














