«Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a remercié le Maroc pour sa solidarité qui a permis de rétablir le courant dans certaines régions de l’Espagne, suite à la panne électrique géante survenue dans le pays».
Et si le Maroc devenait fournisseur de l’électricité pour la péninsule ibérique? Alors que le projet britannique Xlinks connaît une révision stratégique, d’autres marchés pourraient s’ouvrir pour le Maroc. Des projets sont en cours d’étude pour une prochaine concrétisation. Le Portugal, Gibraltar et l’Espagne sont parmi les premiers intéressés. Derrière cet intérêt qui ne date pas d’aujourd’hui, un événement récent semble accélérer les choses: le black-out en Espagne en avril dernier. Le Maroc a joué un rôle important et déterminant pour le rétablissement du courant dans un délai rapide. Une aide qui a poussé le chef de l’Exécutif espagnol à remercier le Maroc. En effet, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a remercié le Maroc pour sa solidarité qui a permis de rétablir le courant dans certaines régions de l’Espagne, suite à la panne électrique géante survenue dans le pays. Le courant électrique a pu être rétabli dans certaines régions du nord et du sud de l’Espagne «grâce aux interconnexions avec la France et le Maroc», a précisé M. Sanchez dans une déclaration télévisée. «Nous tenons à remercier ces deux pays pour leur solidarité en ce moment», a affirmé le chef du gouvernement espagnol. Le gestionnaire du réseau électrique en Espagne avait alors estimé qu’il faudrait entre six et dix heures pour rétablir la situation après la panne qui avait touché l’ensemble de la péninsule ibérique. Quelques jours après, le ministre espagnol des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares, avait également remercié le Maroc pour son soutien lors de la panne électrique. Il s’est également félicité de «l’excellente» dynamique des relations bilatérales. Intervenant devant la Commission des affaires étrangères du Parlement espagnol, M. Albares a loué l’appui marocain qui a permis de rétablir rapidement le courant électrique en Espagne.
Le Portugal cherche connexion
Quelques semaines à peine après la panne qui avait aussi touché le Portugal bien évidemment, ce dernier annonce par le biais du ministre de l’environnement, Maria de Garcia Carvalho, un nouveau plan visant à consolider la sécurité opérationnelle du réseau électrique portugais avec l’objectif affiché d’éviter au pays des coupures d’électricité similaires. Le plan évoqué fin juillet explore la possibilité de créer une interconnexion avec le Royaume. Le projet, qui ne date pas d’aujourd’hui, pourrait être accéléré. ALM avait en 2022 déjà évoqué le projet dans le cadre de la couverture de la COP27 à Charm el-Cheikh sur les changements climatiques, en Egypte. Des discussions avaient alors porté sur la réalisation de deux interconnexions nouvelles pour le transport de l’électricité en Europe. La première reliera le Maroc à l’Espagne tandis que la deuxième connectera le Royaume au Portugal. Pour rappel, le Maroc était devenu avant la crise de la Covid-19 un exportateur net de l’électricité vers le Vieux Continent après avoir été durant des années un importateur, notamment à partir de l’Espagne. Alors que le Royaume avait acheté pour 2 milliards de dirhams d’électricité en 2018 sous forme d’importations à partir de l’Espagne, le pays a réussi à inverser complètement la tendance en 2019 devenant ainsi un exportateur vers le voisin ibérique. Dans ce sens, les statistiques de l’Office des changes en 2019 avaient révélé que les importations marocaines d’énergie électrique ont baissé de 93,5%. Plus encore, l’opérateur ibérique semi-public Red Eléctrica de España avait fait savoir que les exportations marocaines ont atteint 1.207,7 Gwh, soit une valeur ajoutée de plus d’un demi-milliard de dirhams.
Après la parenthèse de 2020 où la pandémie était venue freiner cet élan, l’année 2021 a été marquée par le retour en force des exportations marocaines. A noter que le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, avait fait un déplacement en juillet dernier à Lisbonne.
Le Maroc et le Portugal partagent la volonté commune de tirer parti de la profondeur historique et de la proximité géographique entre les deux pays pour établir un «partenariat stratégique à contenu qualitatif», avait affirmé Nasser Bourita lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre d’État et des affaires étrangères de la République du Portugal, Paulo Rangel. Sur le plan économique, M. Bourita a indiqué qu’à cette occasion, les parties ont échangé leurs points de vue sur les moyens de renforcer les relations économiques, dans la perspective de positionner le Portugal parmi les dix premiers partenaires économiques du Maroc. Il a souligné, à cet égard, la nécessité d’un engagement fort du secteur privé dans cette dynamique, afin d’exploiter les opportunités offertes dans le cadre des relations bilatérales.
Gibraltar
De leur côté, les responsables à Gibraltar avaient déjà évoqué la question d’une interconnexion avec le Maroc. Ce fut le cas pour le ministre de l’environnement, John Cortes, qui avait, en marge de la Cop 28 à Dubaï, évoqué la question d’une liaison par câble avec le Maroc pour exploiter une énergie neutre en carbone. Les responsables de Gibraltar semblent être intéressés par une coopération plus importante avec le Royaume. En octobre 2024, John Cortes, chargé du développement des relations avec le Royaume, s’est rendu au Maroc où il a visité notamment la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Les possibilités de resserrer à nouveau les liens, notamment commerciaux, ont été évoquées en détail, et de nouveaux échanges et discussions plus ciblés sont prévus. Le ministre chargé du développement des relations avec le Maroc avait déclaré : «Comme lors de toutes mes rencontres au Maroc, nos échanges avec les responsables de la Chambre ont été une fois de plus extrêmement positifs, et j’espère que nous verrons bientôt des résultats concrets. Je vais maintenant partager le contenu de nos discussions et nos réflexions avec mes collègues concernés afin de les faire progresser».
Investissements
Financements. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a annoncé un financement de 300 millions d’euros. Celui-ci vise à améliorer l’intégration des énergies renouvelables à travers le renforcement du réseau électrique du Maroc, dans le cadre de leur coopération stratégique pour soutenir la transition énergétique du Royaume. Le nouveau financement, structuré et conduit par la BEI (170 millions d’euros) aux côtés de la KfW au nom du gouvernement allemand (130 millions d’euros), soutiendra une série d’investissements, à réaliser par l’ONEE, destinés à moderniser et étendre le réseau national de transport d’électricité sur 731 km, permettant l’augmentation de la capacité d’évacuation du réseau de transport de 1.850 mégavolt-ampère.
L’objectif est de faciliter l’intégration de nouvelles capacités renouvelables dans le système électrique et d’accompagner l’ONEE dans son rôle de gestionnaire du réseau, en appui aux objectifs énergétiques et climatiques du Maroc.
Ces investissements contribueront à améliorer la sécurité d’approvisionnement, à réduire les émissions de gaz à effet de serre (390.000 t CO2e/an à l’horizon 2030) et à stimuler la croissance dans plusieurs régions du pays. Ils renforceront également la résilience du réseau national face à l’augmentation de la demande et aux aléas climatiques. Ce nouveau financement s’inscrit dans une dynamique ambitieuse portée par l’ONEE, acteur majeur de la transition énergétique du Royaume. L’Office a engagé un plan d’équipement de 220 milliards de dirhams à l’horizon 2030, dont 177 milliards destinés au secteur électrique, visant à porter la capacité installée en énergies renouvelables à 56 % d’ici fin 2027. Parmi les projets structurants figurent le développement de 12,5 GW de capacités renouvelables additionnelles, le renforcement du réseau de transport sur plus de 700 km et la mise en œuvre d’une autoroute électrique de 3.000 MW d’une longueur de 1.400 km entre le Sud et le Centre du Royaume.













