L’intégrité des systèmes d’information ne saurait se limiter aux seuls aspects légaux tels que la protection des données personnelles.
Lorsqu’il s’agit de bases de données sensibles d’institutions publiques ou d’organismes privés, les enjeux dépassent largement la conformité réglementaire : ils deviennent éminemment stratégiques, touchant à la sécurité nationale elle-même. La célèbre formule «l’information est le nerf de la guerre» n’a jamais été aussi vérifiable qu’à l’heure actuelle. Les attaques massives de hacking qui se multiplient à travers le monde, visant aussi bien des États que des entreprises, en fournissent la démonstration éclatante.
Face à ces menaces, les textes de loi, aussi sophistiqués soient-ils, demeurent insuffisants. Même les technologies de cybersécurité les plus avancées montrent leurs limites, contournées par des acteurs criminels agiles et organisés, souvent soutenus par des logiques de puissance. C’est un fait : la cybersécurité n’est plus seulement une affaire de firewalls, d’antivirus ou de certifications. Elle s’inscrit désormais dans une logique de guerre asymétrique où l’ingénierie informatique seule ne suffit pas.
Cette bataille numérique doit être pensée comme une lutte globale, mobilisant non seulement des experts techniques mais aussi des approches issues du renseignement, de l’anticipation stratégique et de la tactique militaire. Les cyberattaques ne sont pas des délits classiques : ce sont des offensives menées avec méthode, patience et dissimulation, qu’il faut contrer avec la même rigueur qu’une menace terroriste.
Confier l’intégrité numérique du Maroc uniquement aux ingénieurs serait une erreur de perspective. Ce qu’il faut, c’est bâtir une doctrine de défense numérique nationale, portée par des profils capables de manier à la fois la logique technologique et l’esprit sécuritaire. Car dans ce champ de bataille invisible, ce ne sont pas seulement nos données qui sont convoitées, mais notre souveraineté tout entière.
La cybersécurité n’est pas une option technologique : c’est une arme de souveraineté. Et elle ne peut être confiée qu’à ceux qui savent ce qu’est un combat.














