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Macron – Bayrou à l’épreuve de la confiance !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Crise
C’est une semaine cruciale que la France s’apprête à vivre avec la décision du Premier ministre François Bayrou de demander la confiance au Parlement pour valider sa politique d’austérité. Cruciale car elle risque de chambouler de fond en comble les agendas politiques et de plonger le pays, sinon dans l’inconnu, du moins dans une instabilité chronique.

François Bayrou n’était pas obligé de recourir à ce stratagème risqué de la demande de confiance. Il l’a fait car il savait pertinemment qu’une fois son programme d’austérité économique présenté devant la représentation nationale, il y avait de fortes chances d’être sanctionné par une motion de censure et de connaître le sort peu enviable de Michel Barnier. Il préféra donc anticiper, demander la confiance, mettre comme il dit les partis politiques « devant leurs responsabilités historiques » et tenter d’arracher une confiance qui équivaut à une validation de son programme d’austérité.

Le grand frisson qui parcourt actuellement la vie politique française tourne autour de cette sensation assez étrange. La règle froidement statistique des partis politiques indique que la confiance est impossible à avoir. En face de cela François Bayrou excelle dans la méthode Coué et est convaincu qu’il passerait le terrible examen du 8 septembre. Cette contradiction entre une réalité d’une inévitable absence de confiance et cette croyance du Premier ministre d’être certain de l’obtenir donne à la galaxie de commentaires politiques une saveur assez piquante.

D’ailleurs presque tout le monde se projette dans l’après-chute de François Bayrou. Et c’est Emmanuel Macron qui se trouve en première ligne. Cinq Premiers ministres déjà usés lors de son second mandat est un signe révélateur d’une grande instabilité, le fruit d’une dissolution hasardeuse et d’une perte de majorité au Parlement. Ce qui fait que tous les Premiers ministres nommés par Macron étaient dans l’incapacité de gouverner et de durer.
Aujourd’hui Emmanuel Macron est devant un triptyque assez limité pour gérer l’après-chute de Bayrou. Le premier scénario est de renommer François Bayrou à son poste de Premier ministre et de le charger de former un nouveau gouvernement et une nouvelle feuille de route. Cette piste évoquée par certains est pourtant exclue par beaucoup.

Le second scénario est celui qui consiste à chercher au sein de la gauche une personnalité capable de créer une coalition au Parlement et de présenter un programme économique suffisamment attractif pour désarmer les grandes oppositions incarnées par l’extrême droite de Marine Le Pen et l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon. La difficulté réside dans la capacité de Macron à trouver cet oiseau rare capable de susciter des enthousiasmes au lieu des envies de censure.
Le troisième scénario est celui de dissoudre l’Assemblée nationale et d’appeler à des élections législatives anticipées. Même si lors de ses récentes sorties médiatiques, Emmanuel Macron avait exclu l’hypothèse de dissoudre , il n’en demeure pas moins qu’elle reste à l’ordre du jour en cas de blocage. Une dissolution indique de nombreux messages. Le Rassemblement national de Marine Le Pen pourrait en être le grand bénéficiaire. Des élections législatives anticipées pourraient lourdement charger le calendrier électoral des Francais appelés à voter pour les municipales en 2026 et pour les présidentielles en 2027.

Il n’en demeure pas moins une réalité qui s’impose à tous. Ce n’est pas uniquement François Bayrou qui joue son destin et sa carrière ce lundi 8 septembre, c’est surtout Emmanuel Macron qui joue le reste de son second mandat. Face à cette crise qui pourrait aboutir à la paralysie des institutions de la cinquième République, de nombreuses voix ont invité le président de la République à démissionner et à organiser des présidentielles anticipées.

Deux personnages ont un intérêt immédiat à cette décision. D’abord Jean-Luc Mélenchon le patron de la France insoumise, qui pense dur comme fer qu’il est capable de Remporter cette élection présidentielle. Ensuite Marine Le Pen qui croit fermement que les vents favorables qui soufflent actuellement sur son parti le Rassemblement national pourraient lui paver la route de l’Élysée.

Emmanuel Macron avait évidemment exclu toute possibilité de démission et affirmé qu’il allait mener son mandat jusqu’à son terme. Mais le but de ces oppositions reste qu’après avoir fait tomber le Premier ministre, la prochaine cible à faire chuter demeure le président de la République. Ce qui annonce une séquence française assez tendue dans les prochaines semaines.

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