Il est incarné à Aït Attab par le groupe Abdelaziz Hajraoui: L’art de «Lghita», un patrimoine ancestral traditionnel et une identité culturelle

Dans une époque où les musiques modernes occupent une place prépondérante, certains artistes choisissent de rester fidèles aux traditions qui façonnent l’identité culturelle du Maroc. Le groupe Abdelaziz Hajraoui, composé de cinq musiciens talentueux, incarne cette volonté de préserver et de faire rayonner l’art ancestral de «Lghita», une grande flûte dont les sonorités accompagnent depuis des siècles les célébrations populaires.

Ancré dans le terroir d’Aït Attab, dans la région Beni Mellal-Khénifra, ce groupe qui se compose de cinq personnes puise sa force dans une histoire familiale et collective. «Notre groupe vient de voir le jour il y a deux ans. Mais en 2015, j’ai joué avec d’autres groupes musicaux comme Salah Ouchouia, Kaalal, groupe de Fariata… Mon grand-père était membre de Abidat Rma d’Ait Attab et mon père était avec le groupe musical lghita et c’étaient eux qui nous ont transmis la passion de lghita et Abidat Rma et le désir de protéger ce savoir-faire unique. De génération en génération, la pratique de cet instrument a résisté au temps, s’imposant comme un repère culturel et identitaire. Mais pour que notre patrimoine artistique aille de l’avant, nous sommes tenus de participer à un grand nombre de festivals, de fêtes… sur le plan national et international», a souligné Abdelaziz Hajraoui, président du groupe Lghita.

La richesse du répertoire du groupe Abdelaziz Hajraoui réside dans la diversité de ses thématiques. Leurs chansons revisitent les récits populaires, célèbrent la joie des fêtes ou abordent des sujets de société, toujours avec l’ambition de donner une voix aux traditions vivantes d’Aït Attab. Présents sur toutes les scènes locales, les cinq artistes se produisent régulièrement lors de festivals, de fêtes traditionnelles et de mariages. Leur musique accompagne les moments forts de la communauté et participe à renforcer le lien entre générations, en perpétuant une ambiance festive et en transmettant l’esprit d’authenticité qui caractérise leur art. «Nos chansons arabes et amazighs portent sur diverses thématiques comme l’amour, le mariage, les moissons, la femme marocaine… Pour ce qui est de l’aspect vestimentaire, en général nous portons des vêtements blancs, noirs ou bleus…», a ajouté Hajraoui.

Pour ces musiciens, l’enjeu dépasse la simple performance artistique : il s’agit de sauvegarder le patrimoine immatériel d’Aït Attab et de le partager avec les générations futures. En donnant vie à l’instrument de musique «Lghita» sur scène, le groupe Abdelaziz Hajraoui s’impose aujourd’hui comme un véritable ambassadeur de la culture musicale locale. Par leur passion et leur persévérance, ces artistes démontrent que la tradition peut encore trouver toute sa place dans le paysage culturel contemporain, tout en offrant un héritage précieux aux générations à venir.

D’après Hajraoui, à Ait Attab, on trouve des groupes de musique Lghita à Tanaghmalt, Ait Attab, Azilal, Ouzoud… «C’est un art qui est encore très convoité par le public car il nous rappelle la belle époque où Lghita galvanisait les gens lors des fêtes, des mariages, des festivals… surtout lors des mariages où des femmes et des hommes chantaient au rythme des bendirs, des tambours. De nos jours et bien qu’on ait essayé de moderniser nos instruments de musique en jouant du violon très rarement, l’authenticité de notre patrimoine artistique nous incite à perpétuer nos traditions par le recours à nos instruments de musique traditionnels. Ainsi, Lghita, le bendir et le tambour sont irremplaçables», a fait savoir Hajraoui.