Le constat révélé par la Banque mondiale lors du lancement mardi à Rabat du Dialogue national sur le développement et la valorisation des algues
Economie bleue: Les acteurs de l’algoculture au Maroc se sont donné rendez-vous le 23 septembre 2025 lors du dialogue national sur l’algoculture, organisé par l’ANDA en partenariat avec la Banque mondiale, dans le cadre du programme de l’économie bleue. Cette rencontre a été l’occasion de renforcer la réflexion stratégique autour des filières algues et de leurs marchés émergents, favoriser la convergence vers une vision commune et formuler des recommandations pour une filière durable, compétitive et intégrée comme pilier de l’économie bleue. Les détails.
Les principaux acteurs de l’algoculture au Maroc se sont réunis le 23 septembre 2025 à l’occasion du dialogue national consacré à cette filière. Cette initiative, organisée par l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) en partenariat avec la Banque mondiale, s’inscrit dans le cadre du programme national de l’économie bleue. Il s’agit dans ce sens de structurer une vision commune autour de la filière algues, identifier les opportunités offertes par les marchés émergents et poser les bases d’un développement durable et compétitif du secteur.
Lors de cette rencontre les échanges ont permis de renforcer la réflexion stratégique autour de cette ressource marine aux multiples débouchés et de formuler des recommandations en faveur d’une filière intégrée, considérée comme l’un des piliers futurs de l’économie bleue au Maroc. S’exprimant à l’ouverture de cette rencontre, Zakia Driouch, secrétaire d’Etat chargée de la pêche maritime, a affirmé : « Cet espace de dialogue se veut une plateforme dynamique axée sur la réflexion prospective, la créativité et l’engagement à travers un investissement durable et éclairé. Cet évènement intervient dans un contexte mondial marqué par l’expansion remarquable du marché des algues dont la croissance annuelle est estimée à 10% dans la décennie à venir avec une valeur projetée avec plus de 30 milliards de dollars » mettant en avant l’avenir prometteur de ce secteur.

Mme Driouch a aussi expliqué que plus de 95% du marché mondial est approvisionné par des algues issus de culture aquacole. « Répondre à la demande internationale grandissante ne dépendra que de notre capacité à structurer une filière innovante, performante et respectueuse des écosystèmes. Notre pays dispose d’atouts incontestables pour se hisser parmi les acteurs émergents de cette filière à valeur ajoutée. Un littoral étendu, des conditions hydrologiques favorables et une main-d’œuvre qualifiée. Notre ambition est claire: transformer ce potentiel en véritable levier de développement économique créateur de richesses et d’emplois. La filière algue dépasse le cadre d’une simple opportunité sectorielle, elle est porteuse d’un effet d’entraînement puissant générant des externalités positives à tous les niveaux de l’amont à l’aval ». Pour la responsable, les algues s’imposent comme un levier stratégique de décarbonation et un pilier central de l’économie bleue.
Le Royaume, un leader en devenir en aquaculture durable
Pour sa part Ahmadou Moustapha Ndiyae, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, a souligné : «Le Maroc est idéalement positionné pour devenir un leader en aquaculture durable avec ses vastes côtes, son climat favorable, de riches écosystèmes marins et son accès préférentiel aux marchés mondiaux ( …) ainsi qu’une base solide pour l’investissement privé ».
Ahmadou Moustapha Ndiyae a précisé que la production nationale est estimée à 3.500 tonnes de produits aquacoles alors que le potentiel est estimé à plus de 600.000 tonnes. « D’après nos analyses et les estimations de la Banque mondiale, si le Maroc portait sa production aquacole à environ 300.000 tonnes par an, le secteur pourrait générer environ 36.000 emplois et 450 millions de dollars de revenus positionnant ainsi le pays en un leader régional de l’aquaculture durable », indique-t-il.
Un secteur en plein essor et aux retombées économiques prometteuses
71.000 tonnes. Le secteur aquacole marocain continue de se développer, porté notamment par une forte dynamique dans la filière de l’algoculture. Le Royaume compte 183 projets aquacoles en cours, selon les données dévoilées par les organisateurs de cet événement, visant une production annuelle de près de 71.000 tonnes, ainsi que la création d’environ 2.250 emplois directs et 6.750 emplois indirects.
Parmi ces projets, l’algoculture se distingue par un développement particulièrement prometteur. Le pays recense actuellement 70 fermes d’algues, dont la production cible est estimée à 92.000 tonnes par an. Cette montée en puissance s’accompagne d’un investissement prévisionnel d’environ 400 millions de dirhams, pour une superficie totale de 970 hectares dédiée à la culture d’algues. À terme, cette filière devrait générer près de 850 emplois directs, soulignant son importance à la fois économique et sociale.
Le responsable n’a pas manqué par ailleurs de réaffirmer l’appui de la Banque mondiale au Maroc pour le développement de cette filière. « Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à soutenir le Maroc et l’ANDA dans ses démarches en les aidant à rationnaliser les réglementations, à renforcer l’environnement favorable, à mobiliser les financements et à réduire les risques liés aux investissements privés », précise Ahmadou Moustapha Ndiyae.

Parmi les thématiques abordées lors de cette conférence, on citera le positionnement stratégique de l’algoculture dans un paysage mondial en mutation, la structuration de la chaîne de valeur et conquête des marchés, le développement de l’algoculture au Maroc, les défis financiers liés au développement et à la promotion de la nouvelle chaîne de valeur ou encore les instruments de financement innovants pour le développement de l’algoculture.
A noter que le Royaume a placé le développement de l’économie bleue au cœur de ses priorités. D’ailleurs, le Nouveau modèle de développement place l’aquaculture comme une composante prioritaire pour assurer la sécurité alimentaire et la valorisation des produits de la mer.
un levier stratégique pour l’économie bleue au Maroc
43%. La filière d’algoculture s’impose comme un pilier prioritaire du développement de l’aquaculture au Maroc, s’inscrivant pleinement dans la dynamique de l’économie bleue portée par le Royaume. Principalement axée sur la culture de macroalgues, cette filière occupe désormais la deuxième place en nombre de projets aquacoles autorisés, avec 70 projets représentant environ 22 % du total des projets autorisés. Au-delà du nombre de projets, l’algoculture confirme également son poids stratégique en matière de production. Elle contribue à hauteur de 43 % à la production totale visée par l’ensemble des projets aquacoles autorisés, tout en concentrant 14 % de l’investissement prévisionnel global du secteur. Portée par un fort potentiel de croissance et des impacts économiques et environnementaux positifs, la filière algue s’affirme ainsi comme un axe structurant de l’aquaculture marocaine de demain.
Alimentation humaine et animale, cosmétique, pharmacie, biostimulants agricoles, biomatériaux, textiles et autres industries émergentes… les algues peuvent être utilisés dans diverses industries. « Il y a un intérêt croissant qui se manifeste de la part des investisseurs qui veulent s’engager dans l’algoculture (…) mais on s’est rendu compte que les passerelles entre les différents acteurs restent encore limitées, ce qui pourrait faire traîner la structuration de la filière d’algue», souligne Majida Maârouf, Directrice de l’ANDA, notant que c’est précisément pour combler ce manque et favoriser la coordination et la convergence des différents acteurs que ce dialogue a été organisé. Il s’agit, dans ce sens, d’encourager la réflexion collective sur les meilleures stratégies à adopter pour dynamiser l’intégration de la filière algale.
Une répartition régionale dominée par Dakhla-Oued Eddahab
Zones. L’algoculture s’impose aussi comme un levier stratégique pour le développement durable des zones côtières marocaines. Axée sur la culture de macroalgues, elle s’étend sur une superficie globale de 4.670 hectares, répartie sur 304 parcelles à travers plusieurs régions du pays. La région Dakhla-Oued Eddahab en constitue le principal pôle, concentrant à elle seule 2.376 hectares répartis sur 153 parcelles. Elle confirme ainsi son rôle moteur dans le développement de cette filière innovante. Viennent ensuite les régions de l’Oriental et de Marrakech-Safi, disposant respectivement de 629 ha sur 39 parcelles et 570 ha répartis sur 38 parcelles. Laâyoune-Sakia El Hamra et Souss Massa offrent également des espaces significatifs dédiés à l’algoculture, avec respectivement 480 ha (42 parcelles) et 360 ha (24 parcelles). Les régions de Casablanca-Settat et Tanger-Tetouan- Al Hoceima présentent une moindre superficie avec successivement 210 ha sur 15 parcelles et 45 ha sur 3 parcelles. A noter que le potentiel aquacole national est de 24. 000 ha.














