A la demande d’Endesa, une juge du Tribunal de commerce de Madrid, a suspendu provisoirement l’OPA lancée le 5 septembre par le groupe gazier catalan. La magistrate a toutefois conditionné l’application de cette mesure au versement par Endesa sous dix jours d’une lourde caution fixée à un milliard d’euros, afin que le groupe d’électricité réponde d’un éventuel préjudice en cas de rejet ultérieur de sa demande sur le fond. Les deux groupes espagnols ont prudemment réagi à cette décision judiciaire en annonçant dans des communiqués en "analyser les implications". Ils ont la possibilité de faire appel dans un délai de cinq jours. Endesa avait saisi le Tribunal de commerce le 21 décembre dans le cadre de son offensive judiciaire multiforme pour contrecarrer l’OPA de 22,5 milliards d’euros de Gas Natural. L’OPA est activement soutenue par le gouvernement socialiste espagnol qui souhaite voir émerger un champion national de l’énergie dans l’arène internationale.
Le Tribunal de commerce ne s’est pas prononcé sur le fond de la requête d’Endesa, qui estime que l’OPA de Gas Natural viole l’article 81 du Traité de l’Union européenne sur la libre-concurrence. Endesa dénonce en particulier l’entente scellée par Gas Natural et le deuxième opérateur électrique espagnol, Iberdrola, par laquelle le premier s’engage à revendre au second entre 7 et 9 milliards d’actifs en cas de succès de son OPA. Ce jugement souligne que "la durée de la procédure en première instance sera probablement très étalée dans le temps en raison de la complexité intrinsèque du dossier et des positions radicalement opposées des deux parties".
Endesa a dit "analyser la portée du jugement avec ses conseillers juridiques" et a annoncé une "prochaine" réunion de son Conseil d’administration pour décider s’il verse ou non la caution exigée pour poursuivre son bras de fer. Gas Natural a pour sa part indiqué "attendre la décision de la direction d’Endesa", avant d’interjeter un éventuel appel.