Au moment où des questions telles que la souveraineté alimentaire ou les prix des produits alimentaires sont plus que jamais les sujets de l’heure, ici comme ailleurs dans le monde, il est étonnant de savoir que chaque Marocain jette encore en moyenne près de 113 kg de nourriture chaque année, soit 4,3 millions de tonnes parties à la poubelle.
Ces chiffres ne sont pas seulement l’expression du fléau du gaspillage alimentaire mais ils sont aussi un facteur aggravant de l’inflation dont les ménages se plaignent.
Car plus on gaspille, plus la demande artificielle gonfle. Acheter au-delà de ses besoins, stocker puis jeter finit par peser sur les prix. Fruits, légumes, pain, céréales : ces denrées surachetées et mal conservées sont autant de produits qu’il faut réapprovisionner, ce qui entretient la tension sur les marchés. Et chaque dirham dépensé pour un produit qui finit dans la poubelle contribue à alourdir la facture alimentaire de l’ensemble des foyers.
Le paradoxe est saisissant : d’un côté, des ménages qui dénoncent de manière récurrente l’augmentation du coût de leur panier. De l’autre, ces mêmes ménages gaspillent une bonne partie de leur budget en nourriture jetée.
S’il est d’usage de pointer les politiques publiques surtout économiques et l’inflation mondiale, les premières réponses pourraient commencer à la maison. Limiter les quantités achetées, mieux conserver les produits, apprendre à cuisiner sans excès : autant de gestes simples qui réduiraient à la fois le gaspillage et la pression sur les prix.
Le gaspillage alimentaire n’est pas seulement un problème moral, social ou écologique. C’est un véritable fléau qui entretient le cycle inflationniste. Tant que nous continuerons à acheter et jeter sans compter, nous continuerons aussi à subir les effets sur les prix. La responsabilité est donc partagée : avant d’exiger des solutions miracles, chacun devrait peut-être commencer par corriger ses propres pratiques de consommation.













