Dans le tumulte des débats, des impatiences et des commentaires enflammés, il est des moments où la voix de la raison s’impose comme seul repère. Celle qui, sans hausser le ton, remet le pays dans l’axe du bon sens, de la lucidité et de la responsabilité. C’est exactement ce qu’a fait Sa Majesté le Roi Mohammed VI vendredi dernier. Un discours sans effets de manche, mais d’une densité rare.
Le Souverain y parle non pas de politique, mais de devoir. Non pas de bilans, mais de continuité. Il rappelle, avec une rigueur tranquille, que la fin d’un mandat ne justifie ni relâchement ni agitation préélectorale. Gouverner, c’est finir ce qu’on a commencé, accomplir sa mission jusqu’au bout, avec intégrité et abnégation.
La voix de la raison, ici, met fin aux faux clivages inventés par certains à dessein. Non, les grands chantiers et les programmes sociaux ne s’opposent pas. Le Maroc n’a pas à choisir entre ses ports et ses écoles, entre ses LGV et ses hôpitaux. Le développement ne se divise pas: il se complète. C’est la logique du «et», non celle du «ou».
Et la raison, dans sa forme la plus moderne, c’est aussi celle des faits : la culture du résultat, la donnée objective et chiffrée, la mesure, la transparence. C’est l’administration qui apprend, qui évalue, qui rectifie le tir. C’est la justice sociale qui ne reste pas un mot d’ordre, mais devient une méthode, une cartographie, un outil.
Le discours royal replace aussi la dimension territoriale au centre du projet national : la montagne, l’oasis, le littoral, le rural. Le Maroc émergent ne sera tel que s’il est uni, solidaire, équilibré. La vraie richesse, dit la voix de la raison, c’est celle qui relie.
Enfin, la raison morale conclut le verset «Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra» qui transcende le religieux pour devenir principe civique. Chaque acte compte, chaque responsabilité engage, chaque fonction publique est un serment.
Dans un monde bruyant, la voix du Roi a choisi le ton juste. Ni colère, ni autosatisfaction. Juste la raison — cette vertu si rare et qui, en politique, fait souvent la différence entre le gestionnaire et le visionnaire.










