Dans cet entretien, l’artiste nous parle de l’exposition des œuvres de l’atelier des talents du Moussem d’Assilah (1979-2024) dont le vernissage vient d’avoir lieu dans le cadre de la session d’automne de la 46ème édition du Moussem culturel qui vient de prendre fin.
ALM : Comment avez-vous eu l’idée d’organiser cette exposition des enfants du Moussem ?
Kawtar Chrigui : L’organisation de l’exposition des œuvres de l’atelier des talents du Moussem a été un défi à relever au sein de la Fondation du Forum d’Assilah. Elle vient en hommage à Mohamed Benaïssa qui fut avec l’artiste-peintre Mohamed Melehi et l’historienne et critique d’art Toni Maraini à l’origine de cet atelier en 1979, un an après la création du Moussem culturel de la ville. En tant qu’ancien secrétaire général de la Fondation, le défunt a voulu de son vivant que cet atelier soit, chaque année, au programme de ce Moussem annuel. Mohamed Benaïssa tenait que les artistes en herbe bénéficient chaque année et au même titre que leurs aînés, peintres et sculpteurs, d’une exposition de leurs dessins et peintures.
De quoi est composée cette nouvelle exposition ?
Elle comporte les travaux des enfants bénéficiaires des ateliers programmés entre 1979 et 1989 dans le cadre du Moussem d’Assilah et encadrés par Toni Maraini. Ces ateliers ont été fréquentés par la majorité des artistes zaïlachis pendant leur enfance. Parmi lesquels figurent Abdelkader Melehi, Anas Bouanani, Mouad Jebari, Younès El Kharraz et moi-même. Cette exposition comporte aussi des dessins et des peintures des artistes en herbe, encadrés pendant la période1990-2011 par d’autres artistes marocains et étrangers. Elle se compose également des travaux réalisés entre 2012 et 2024 par les enfants du Moussem. J’ai été désignée pour assurer depuis 2012 l’encadrement de l’atelier des talents du Moussem. Je continue de les diriger, avec l’aide parfois de jeunes artistes zaïlachis ou originaires d’autres villes. Cet atelier que j’ai fréquenté pendant mon enfance et dont je suis responsable depuis une quinzaine d’années est devenu une partie de moi.
Qu’est-ce qui distingue l’exposition des œuvres de l’atelier des enfants ?
A mon avis, cette exposition permet de découvrir le développement de l’atelier des talents, depuis sa création il y a 46 ans. Nous constatons que les premiers enfants bénéficiaires comme moi utilisaient de simples crayons de couleur et du papier pour réaliser leurs travaux artistiques. Car l’association Al Mouhit, devenue par la suite la Fondation du Forum d’Assilah, était encore à ses débuts et elle n’avait pas assez d’argent pour acheter des produits et du matériel de peinture pour enfants. Nous allons ressentir à travers la visite de l’exposition que les artistes en herbe bénéficiaires commençaient à avoir au fur et à mesure tout ce qu’il faut pour réaliser leurs peintures et leurs dessins. Nous sommes ravis de faire découvrir les œuvres des premiers enfants bénéficiaires des ateliers des talents du moussem tels que Younès El Kharraz et Anas Bouanani ainsi que la jeune Sara Ahlakoum, qui vient d’offrir lors de l’ouverture officielle de cette session d’automne une belle peinture à l’huile en hommage à Mohamed Benaïssa à la famille du défunt. C’est la première fois qu’une exposition collective réunit le papa, la maman et l’enfant, comme c’est le cas de la famille zaïlachie Belharadia. Nous trouvons également l’artiste Anas Bouanani et sa fille, qui exposent ensemble lors de cet événement.
Comment avez-vous pu collecter les dessins et peintures des premiers enfants bénéficiaires de ces ateliers ?
La Fondation du Forum d’Assilah a réussi à conserver au fil des ans des œuvres de toutes les générations des enfants bénéficiaires de ces ateliers. Le choix des dessins et des peintures pour cette exposition a exigé de grands efforts et deux mois de travail par une équipe constituée d’artistes et des enseignants d’art, membre ou amis de la Fondation. C’est la preuve que nous allons sur les pas de Feu Mohamed Benaïssa pour la continuité et la réussite de ces ateliers. Le défunt tenait que les noms des artistes en herbe soient mentionnés sur leurs œuvres, réalisées dans le cadre du Moussem. Ce qui nous a facilité la préparation et le classement avec les dates précises des travaux pour cette exposition.













