Exposition
Jusqu’au 8 février prochain, le Musée des Confluences-Dar El Bacha à Marrakech accueille la rétrospective «Sous le signe du Noun» de Mohamed Azouzi. Cette exposition, qui mêle mémoire et voyage artistique, est une invitation à la recherche de lumière intérieure, de sens et d’enracinement.
Après avoir accueilli les œuvres du grand maître du pop art marocain, Hassan Hajjaj, le Musée des Confluences-Dar El Bacha à Marrakech expose cette fois-ci l’œuvre de Mohamed Azouzi qui fut l’un des artistes peintres marocains les plus chevronnés. Organisé sous le thème «Sous le signe du Noun», cet événement artistique représente bien plus qu’un simple rassemblement d’œuvres, c’est une célébration d’une vie, d’une quête et de l’héritage artistique de ce peintre, plasticien et sculpteur marocain, décédé en 2022. «Les tableaux de Mohamed Azouzi se distinguaient par leur composition et leur influence marocaines, rappelant que l’artiste est toujours resté proche de son pays, en dépit de la distance géographique», a indiqué à cette occasion Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM).
Pour sa part, Amir, fils de Mohamed Azouzi, a exprimé son émotion et sa joie de participer à cet hommage rendu à ce grand artiste, indiquant que «son père a toujours gardé ses racines marocaines profondément ancrées, ce qui se reflète dans les couleurs de ses œuvres». Ce projet, ajoute-t-il, est le fruit de la volonté de toute la famille de transmettre son œuvre et de la rendre accessible à tous. «Je souhaite que ce parcours soit une invitation à la contemplation et au dialogue. Que chaque visiteur, qu’il connaisse ou non l’œuvre d’Azouzi, reparte avec une émotion, un questionnement, un souvenir. Mon père n’est plus là pour voir ce moment, mais son art, lui, continue de voyager et de rassembler. Que cette rétrospective soit perçue comme une main tendue vers chacun d’entre vous ; un geste d’ouverture et de rencontre, fidèle à l’esprit de l’homme, du père et de l’artiste qu’était Mohamed Azouzi».
Cette exposition met en avant les œuvres de cet artiste dont la peinture ne cherche pas à reproduire le monde, mais à en dévoiler la mémoire invisible. Azouzi a su faire dialoguer les influences de ses origines marocaines avec une esthétique moderne résolument ouverte sur le monde. Sa vision s’inscrit dans une démarche profondément intime, ancrée dans sa terre natale et tendue vers l’universel.
Pour Mohamed Azouzi, l’art est une quête permanente, un voyage continu à travers les formes, les signes et les couleurs. Ses créations donnent à voir une abstraction nourrie par les terres chaudes du Sud et les symboles de la condition humaine. Au cœur de son travail artistique se trouve la lettre «Noun», qui dépasse le simple signe graphique pour devenir un symbole fondamental incarnant origine, racines et envol. Elle prend chez l’artiste la forme d’un pont entre ciel et terre, entre passé et avenir, entre le soi et l’autre. Sa palette est dominée par des ocres, bruns et teintes qui parlent des racines, de l’Afrique et du désert. Son œuvre s’ancre ainsi dans le Maroc, reflétant ses contrastes et ses états d’âme avec une force poétique et profonde.
Une fois de plus, cette exposition rétrospective est une invitation à l’écoute du monde intérieur de l’artiste et à la réconciliation avec ce qui est enfoui, tout en restant fidèle à son essence : une recherche de lumière intérieure, de sens et d’enracinement.
Artiste de la lettre et de la couleur
Biographie Artiste cosmopolite, peintre, sculpteur et graveur, Mohamed Azouzi est né à Casablanca en 1946 et mort à Tremblay en France en 2022. Diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Casablanca, il s’installe en France en 1971, où il poursuit son cursus à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs. C’est dans la capitale française qu’il fera ses premières expositions personnelles à la fin des années 1970 et qu’il participera à de nombreux salons et expositions collectives au cours des années 1980. Ses œuvres voyageront à Tokyo, New York, Moscou, et à travers le monde, où elles ont rejoint de prestigieuses collections municipales et nationales. Oscillant entre la peinture, la gravure, la sculpture et la calligraphie, sa pratique se nourrit de son apprentissage auprès des chantres de l’École de Casablanca tels que Farid Belkahia, Mohamed Melehi, Mohamed Chebaa et Mohamed Hamidi qu’il eut comme professeurs, autant que de «L’Ecole de Paris» qu’il côtoya par Jean Bertholle, son chef d’atelier aux beaux-arts. Dans ses lignes et ses couleurs se conjuguent des symboles et une abstraction des formes pures, des héritages lointains de l’alphabet tamazight, emporté du Tafilalet natal de l’artiste et son goût pour les modernités picturales telles qu’elles se sont écrites en Occident ou en Afrique du Nord. Artiste de la lettre et de la couleur, de la forme et du signe, il s’évertuera toute sa vie durant à façonner un art hybride, où se rencontrent les spiritualités, traditions et vocabulaires plastiques et les spiritualités, traditions pratiquées d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée.














