L’une après l’autre, les régions du Royaume ouvrent depuis quelques jours de larges concertations pour traduire, sur le terrain, l’appel lancé par le Souverain lors de Son discours d’ouverture du Parlement en octobre. L’objectif est clair : donner la parole aux acteurs territoriaux afin que les futurs Plans de développement régionaux ne soient plus de simples catalogues de projets, mais de véritables stratégies intégrées, porteuses d’une vision d’avenir.
Le changement de paradigme est profond. Il ne s’agit plus, comme auparavant, de dresser des listes d’investissements en fonction de critères budgétaires ou d’équilibres géographiques. Le temps des répartitions «équitablement inégales» entre provinces ou secteurs est probablement révolu. La nouvelle génération de plans devra d’abord reposer sur une réflexion stratégique collective : identifier les atouts spécifiques de chaque territoire, révéler ou même choisir des vocations économiques, sociales, culturelles ou environnementales, et tracer des feuilles de route à moyen et long termes capables de générer de la valeur et de l’inclusion.
Cette approche exigeante appelle aussi une méthode : celle de la concertation réelle. Les élus, les responsables publics, les opérateurs économiques, les associations et les citoyens eux-mêmes doivent être associés à la construction de cette vision commune. Car on ne bâtit pas un projet territorial par décret, mais par adhésion.
Le défi, aujourd’hui, est autant de gouvernance que de confiance. C’est dans la capacité à fédérer, à écouter et à responsabiliser que se jouera la réussite de ces nouvelles stratégies régionales. À l’ère des grands chantiers d’intégration territoriale, le Maroc entre dans une phase où chaque région doit devenir non pas un simple réceptacle de politiques publiques, mais un véritable moteur de développement partagé. C’est là que se mesurera, concrètement, la maturité du modèle marocain de régionalisation avancée. Saâd Benmansour









