Les détails des recommandations d’une journée d’étude organisée par la Chambre des représentants
Evénement. La Chambre des représentants vient d’organiser, en partenariat avec le ministère de la solidarité, de l’insertion sociale et de la famille et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), et avec l’appui de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), une journée d’étude autour du thème « Valorisation du travail domestique des femmes au Maroc : de la reconnaissance à l’autonomisation », avec la participation de représentants de la Chambre des représentants, des départements gouvernementaux, de la société civile et d’universitaires spécialisés. Les détails.
Alors que le Maroc mène actuellement un travail de réforme du Code de la famille, la valorisation du travail domestique des femmes refait surface. Dans ce sens, la Chambre des représentants a lancé le débat à travers l’organisation d’une journée d’étude autour du thème « Valorisation du travail domestique des femmes au Maroc : de la reconnaissance à l’autonomisation ». L’événement est organisé en partenariat avec le ministère de la solidarité, de l’insertion sociale et de la famille et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), et avec l’appui de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID).
Lors de la séance d’ouverture, Rachid Talbi El Alami, président de la Chambre des représentants, a souligné, dans une allocution prononcée en son nom par Zaina Idhali, vice-présidente de la Chambre, que cette thématique s’inscrit au coeur de la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a fait de la justice sociale et de l’égalité deux piliers fondamentaux de l’édification de l’État social moderne. Il a précisé que l’intégration du travail domestique dans le système de reconnaissance économique et sociale constitue non seulement une revendication en matière de droits, mais aussi un choix reflétant la profondeur du projet sociétal marocain visant à promouvoir l’équité et l’équilibre, tout en mettant l’accent sur le rôle de la Chambre des représentants en tant qu’espace naturel de ce dialogue national.
De son côté, Naima Ben Yahya, ministre de la solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, a insisté sur l’importance d’avancer dans le domaine de la législation, précisant que la valorisation du travail domestique ouvre de larges perspectives dans ce sens. Selon les estimations publiques, le temps quotidien consacré par les femmes au travail domestique s’élève à environ 4 heures et 46 minutes alors que la valeur économique de ce travail atteint 513 milliards de dirhams, ce qui confirme l’urgence de reconnaître cet effort. Elle a également appelé à intensifier les efforts pour parvenir à une reconnaissance globale du « travail invisible ».
Egalité et parité
La séance d’ouverture a également été marquée par d’autres interventions importantes. Nadia Touhami, rapporteure du Groupe thématique temporaire sur l’égalité et la parité à la Chambre des représentants, a mis en lumière le rôle du Parlement dans l’amélioration de la condition des femmes, affirmant que la valorisation du travail domestique des femmes constitue un élément essentiel pour atteindre le bien-être social. Pour sa part, Marielle Sander, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), a souligné que la problématique du travail domestique est structurelle, relevant que les femmes à travers le monde assument plus de 76 % des tâches de soins non rémunérées. Elle a ajouté que l’absence de reconnaissance de cet effort perpétue des formes de violence structurelle qu’il convient de combattre, tout en insistant sur la nécessité de passer à un nouveau modèle de développement.
De son côté, Enrique Ojeda Vila, ambassadeur d’Espagne à Rabat, a affirmé l’importance de cette journée d’étude, la qualifiant de preuve de l’engagement sérieux du Maroc dans le renforcement de l’égalité, exprimant le soutien total de son pays et sa volonté de renforcer la coopération dans ce domaine stratégique. Les séances et les présentations qui ont suivi l’ouverture ont porté sur le cadre conceptuel et juridique et sur les moyens de développer des politiques publiques visant à valoriser ce travail.
Valeur économique
Les experts ont insisté sur la nécessité de comptabiliser la valeur économique du travail domestique et de l’intégrer comme activité productive dans les fondements de l’économie nationale des soins, ainsi que sur l’importance cruciale de transformer les représentations sociales stéréotypées des femmes à travers l’éducation et les médias. Lors de la séance de clôture, les travaux de cette journée d’étude ont abouti à une série de recommandations soulignant la nécessité de lancer un chantier national global et de développer une politique nationale soutenue par un cadre juridique visant l’intégration du travail domestique dans la vision de l’État social. Les participants ont également souligné l’importance de mesurer la valeur économique réelle de ce travail et de l’intégrer dans les comptes nationaux, tout en recommandant la révision de la loi organique relative à la loi de Finances à cette fin.
Les recommandations ont en outre porté sur le renforcement de la protection sociale, à travers l’instauration de compensations pour les responsabilités familiales liées aux soins, ainsi que la mise en place d’un système d’adhésion volontaire des femmes au foyer dans des conditions préférentielles. Sur le plan culturel et éducatif, elles ont appelé à la réforme des programmes scolaires et à la construction d’un nouveau discours national sur l’égalité à travers divers médias. Pour garantir la mise en oeuvre de cette vision, les participants ont recommandé la création d’une commission parlementaire spéciale chargée du suivi et de l’élaboration d’un rapport annuel conjoint pour évaluer les avancées réalisées dans ce chantier national ambitieux
REVENDICATION
Economie nationale. «Compte tenu du rôle essentiel du travail domestique en tant que pilier de l’économie nationale, l’avancement vers l’égalité et la parité passe nécessairement par la reconnaissance et la valorisation du travail domestique des femmes». Les propos émanent de Rachid Talbi El Alami, président de la Chambre des représentants. «Bien entendu, la traduction de cette reconnaissance en réalité concrète nécessite l’adoption de politiques et programmes intégrés et efficaces qui valorisent les responsabilités familiales et les charges des soins. Dans ce contexte, le facteur culturel demeure essentiel et déterminant, car il constitue une base fondamentale de ce processus de reconnaissance, en jouant un rôle central dans la reconstruction des représentations sociales et le dépassement des stéréotypes traditionnels relatifs à la division sociale du travail », a ajouté M. Talbi Alami dans une allocution prononcée en son nom par Zaina Idhali, vice-présidente de la Chambre. «En conclusion, je ne peux manquer de saluer les travaux de cette journée d’étude et de ses axes, qui visent à mettre en lumière des aspects essentiels du travail domestique des femmes, tels que l’identification et le diagnostic de sa situation actuelle, les problématiques qu’il soulève, les méthodologies internationales adoptées pour en mesurer la valeur économique, ainsi que les moyens de reconnaître son rôle central dans le développement économique et social. Intégrer le travail domestique dans le système de reconnaissance économique et sociale n’est pas seulement une revendication en matière des droits de l’Homme, mais un choix qui reflète la profondeur du projet sociétal marocain, orienté vers l’équilibre entre la croissance économique et l’équité sociale», a conclu la même source.















