Chroniques

Label marocanité : Une méprise honteuse

L’émotion souvent légitime peut être une source de méprise et d’aveuglement. Celle provoquée par la mort d’un jeune belge, tué à la gare de Bruxelles par d’autres jeunes, restera l’exemple de l’empressement qui peut s’avérer funeste. En ces temps de confusion, de communautarisme, de terrorisme et de profusion de la délinquance, le maghrébin constitue, dans toute l’Europe, le coupable absolu. L’arabe, couteau entre les dents, y est l‘inculpé parfait. Et le musulman, barbe hirsute et ruban sur la tête, s’y trouve comme l’accusé accompli…
Les généralisations abusives surabondantes et répétitives aboutissent fatalement et indistinctement à l’accusation de tout un groupe. Elles ne peuvent déboucher que sur la mise à l’index de toute une communauté. C’est ce qui va arriver en Belgique au lendemain du meurtre odieux de Joe. Les assassins ne pouvaient être autre chose que maghrébins. Mieux, ils ne pouvaient être autre chose que marocains. Comme le pompier imaginaire du référendum sur la constitution européenne, ils vont s’avérer polonais. Mais pour de vrai.
Ce sont d’abord des organes de presse et des chaînes de télévision qui vont laisser clairement entendre que les agresseurs étaient des jeunes maghrébins. L’information est, selon eux, fournie par des sources policières. C’est dire.
Les acariâtres, les hypocondriaques et autres cassandres belges vont tous se liguer pour désigner à la vindicte populaire la communauté maghrébine et donc marocaine puisque celle-ci constitue l’essentiel de l’immigration belge. L’occasion était trop belle pour illustrer les théories et autres convictions qui font de l’immigré la source essentielle  de la criminalité.
Ce fait divers va avoir un retentissement considérable dans une société qui, chaque fois, tente d’exorciser la violence par des marches massives. Le drame est certes insoutenable. Un jeune mineur qui se fait occire pour se faire subtiliser son MP3. Il n’est ni la proie de criminels endurcis ni celui d’une vengeance ourdie. Agés de seize ans à peine, les meurtriers ne pensaient même pas, c’est fort probable, devenir des assassins avant de rencontrer Joe. Etre victime du hasard et d’une forme de loterie fait peur. C’est ce qui tétanise une société où l’on prend une assurance pour un oui ou un non et où le vivre ensemble peut être menacé par l’irrationalité et la disproportion d’une brutalité de proximité. Chaque citoyen, par voie de conséquence, se pense et pense son enfant potentiellement menacé par ce hasard là. Cette loterie là : Se faire poignarder, cinq fois et au coin de la rue, pour un fichier compressé. Un petit espace audio. Un MP3 de quelques euros. Qu’en plus le meurtrier soit un arabe….
Le meurtrier est polonais. Et c’est comme  si c’était une circonstance atténuante. La Pologne va même s’excuser. Qui demandera des excuses pour l’affront fait à la communauté maghrébine de Belgique?
L’honneur de la Belgique restera sauf par la grâce des parents de Joe. Eux, atteints dans leur chair, avaient rejeté tout amalgame et avaient refusé toute récupération politicienne de leur drame. 

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