Chroniques

Label marocanité : Le procès de Ségolène

Depuis quelques semaines, l’insulte a ouvert ses écluses. Haro sur le baudet au parti socialiste français. De chaudes giclées de fureur se déversent, par flots, sur celle qui, pour l’instant, est l’un des meilleurs atouts de la gauche pour la prochaine élection présidentielle. Il y a quelque chose d’obscène dans le spectacle auquel se livrent certains socialistes, parmi ceux-là même qui aspirent aux plus hautes responsabilités. Ils n’hésitent plus à faire usage de l’artillerie la plus meurtrière pour braconner du Ségolène, la royale. Certains tiennent contre elle des propos tellement durs, tellement inacceptables qu’ils hésiteraient à les retenir contre le plus honni de leurs adversaires. Ils font preuve d’une férocité déchaînée, outrancière et presque incontrôlable. Une fureur qui jaillit du cœur du PS, ce concentré de camaraderie, et qui, dans ses laves, défigure un peu les socialistes. Et beaucoup la politique. Quel est l’insupportable sacrilège de Ségolène ? Quel est ce cimetière dont les tombes ont été profanées par elle ? Où se situe l’outrage ? Accusée ! Levez-vous ? Vous êtes coupable d’avoir perturbé l’identité de gauche. On vous reproche d’avoir parlé, vous, qu’on accusait, hier encore, d’être une simple porte jupe. Vous avez émis des propositions, vous, qu’on disait pleine, surtout, de vacuité. On vous reproche tout particulièrement d’avoir mal parlé. Vous avez rompu les convenances sur des thématiques qui nous ont fait perdre en 2001 et qui continuent à nous faire peur, idéologiquement. Vous avez commis le crime de lèse-socialiste. C’est un crime odieux. Le choix de votre arme est plus infâme encore : vous avez usé de la parole interdite, celle qui pourfend la ligne pure et immaculée. Celle qui ni veut ni mâcher ni rabâcher. Celle qui refuse le bois, les poches et le tabou. 
Je proteste, monsieur le Président. La frilosité, serait-elle aujourd’hui une valeur de gauche ? Quelle est donc cette gauche qui a peur des idées, même quand elles sont irrévérencieuses? Pourquoi, dans une démocratie adulte, le verbe serait-il criminogène. Oui, madame Royal a secoué le cocotier. Et alors ! N’est-ce pas cela être de gauche que de bousculer l’ordre établi? N’est-ce pas cela être de gauche que se remettre en question, surtout lorsqu’on s’est trompés. N’est-il pas vrai que s’accrocher vainement à des idées désuètes et se suspendre à de vieilles lunes demeurent comme le crétinisme de gauche, par excellence. Non. Tant de fiel ne saurait être justifiés par le simple débat d’idée. Tant haine ne s’est pas adressé à Marine Le Pen quand elle tente de chasser du Beur. A Sarkozy quand il braconne sur le terrain de la gauche en s’attaquant à la double peine. Cette rage n’est même pas un cri de guerre contre la Ségo. C’est de la souffrance. La douleur des éléphants face à cette antilope qui rentre par effraction dans l’enclos très fermé des présidentiables.  Et plus ils barrissent, plus elle grimpe, avec ses talons aiguilles, vers les cimes de l’estime des Français en général et du peuple de gauche en particulier.

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