Le placide et distant Sven-Goran Eriksson, et l’exubérant et bouillant Luiz Felipe Scolari jouent l’acte III de leur rivalité lors du quart de finale du Mondial de football entre l’Angleterre et le Portugal, samedi à Gelsenkirchen. C’est peu dire que les personnalités du Suédois et du Brésilien diffèrent. Sur le banc, le premier est aussi discret que le second est agité. Trop discret, disent les critiques anglais d’Eriksson, 58 ans, méprisant son apparent manque de passion.
Ces mêmes critiques apprécient, au contraire, le feu intérieur qui semble animer en permanence Scolari, 57 ans. Le Brésilien avait d’ailleurs été approché par la Fédération anglaise (FA) pour succéder à Eriksson après ce Mondial, avant de couper court aux discussions.
Si les deux hommes partagent une même philosophie du jeu, où le spectacle n’est qu’une donnée anecdotique à côté du résultat, cette approche donne plutôt raison au sélectionneur du Portugal. Dans son duel particulier avec Eriksson, Scolari a déjà fait mouche deux fois.
Alors à la tête du Brésil, il avait éliminé l’Angleterre d’Eriksson en quarts de finale du Mondial 2002 (2-1). Puis, il a récidivé avec les Portugais à l’Euro-2004 toujours en quarts (2-2 a.p. 6-5 t.a.b.). Mais le Suédois ne fait pas du nouveau chapitre qui s’ouvre ce samedi un cas de revanche personnelle. «Je ne suis pas un homme de revanche, assure-t-il. Ce n’est pas un mot que j’ai à l’esprit». Une attitude chevaleresque qui ne fait pour beaucoup qu’encore accentuer le sentiment de faiblesse laissé par Eriksson. Le combattant qu’est "Big Phil" Scolari aurait bien du mal à ne pas afficher une certaine aigreur si les rôles étaient inversés. Eriksson est vilipendé pour son incapacité à insuffler une énergie nouvelle à son équipe dans les situations les plus tendues, comme à la pause du quart de finale du Mondial 2002. Scolari est révéré pour sa capacité à paraître à même d’influer par son seul charisme sur l’issue d’un match.
«Je ne joue pas, je ne marque pas de buts, relativise cependant le Brésilien. Parfois, les joueurs regardent en dehors et ils voient leur groupe dans le visage de leur entraîneur et ils savent que même les joueurs sur le banc jouent. Peut-être que je peux donner un mètre supplémentaire sur le terrain à un joueur qui peut gagner le match.» Les joueurs anglais viennent eux à la rescousse de leur sélectionneur. «A ce niveau, que vous criiez, hurliez ou parliez normalement à quelqu’un, je ne pense pas que ça ait un grand impact sur les joueurs», nuance Owen Hargreaves.