Le chiffre d’affaires du hashich marocain est estimé, sur le marché mondial, à 12 milliards de dollars. C’est énorme. En supposant que seul le 1/3 de ce montant, c’est-à-dire 4 milliards de dollars, reste ou revient – un revenu !– au pays, cela continue à être très gros. Quelle résistance peut offrir un fonctionnaire face à cette force de frappe considérable ? Un juge ? Un procureur ? Un commissaire de police ? Un élu? Un préfet ? Un maire ? Un député ? Qui peut nous garantir que ce tsunami d’argent sale n’a pas déjà englouti une bonne partie de Rabat et de ses sphères, pour ne parler que de la capitale ? Posons le problème sous un autre angle. Quel Etat de droit peut se construire, ou se consolider, face à un Etat parallèle aussi puissant, impérial ? Quel type d’élections propres peut-il organiser ? On voit bien que les affaires des «barounates» de la drogue qui occupent le devant de la scène et excitent les imaginations ne sont, au final, que de l’écume. Au-delà des Ramach et des Bin El Ouidane, ce qui est en jeu, à l’échelle de la Nation, c’est l’autorité de l’Etat. Son immunisation, voire son existence.