C’est presque sans affrontement que les soldats de l’Otan ont repris ces derniers jours, pour la deuxième fois en trois mois, un fief taliban du sud de l’Afghanistan, mais le plus difficile sera de le conserver une fois l’opération achevée, estiment des militaires.
La phase militaire de "Faucon du sommet", la plus importante opération en cours pour la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), "est terminée dans le district de Panjwayi, mais se poursuit dans celui voisin de Zhari", a déclaré le général Timothy James Grant, commandant en chef des 2.500 soldats canadiens de l’Isaf basés dans le sud du pays.
«Nous mettons maintenant l’accent sur les projets de développement et des policiers auxiliaires, recrutés par les responsables locaux, vont pouvoir bientôt assurer la sécurité dans ces districts», a-t-il ajouté en disant «faire confiance aux anciens pour que les talibans ne réinfiltrent pas la zone».
"Faucon du sommet" est la deuxième opération menée dans la région pour chasser les talibans, après Medusa, la plus importante opération jamais lancée par l’Isaf, qui avait donné lieu en septembre à d’intenses combats au terme desquels l’Isaf avait assuré avoir défait les talibans et annoncé le début de la phase de reconstruction.
Mais ces projets n’ont jamais vu le jour dans une région où les ONG refusent de travailler faute de sécurité. Les talibans ont rapidement refait surface, entraînant fin octobre des raids aériens de l’Isaf qui ont tué des rebelles mais aussi des dizaines de civils.
Pour reprendre cette région à une trentaine de km à l’ouest de Kandahar, que traverse la route reliant cette ville à la province très conflictuelle d’Helmand, haut lieu de la production d’opium, l’Isaf a dû dépêcher à la mi-décembre des centaines de soldats britanniques, danois et estoniens.
Pendant ce temps, des militaires canadiens ont pris position dans le nord de Panjwayi tandis que des soldats américains et afghans y ont entamé une progression d’est en ouest, devant parfois circuler avec leurs blindés à travers champs, sous les yeux de paysans furieux, pour éviter des chemins minés.
Des caches d’armes ont été trouvées, des soldats blessés par l’explosion d’engins piégés, mais l’avancée des troupes, ponctuée par des raids ciblés contre des commandants talibans, s’est faite jusqu’ici "presque sans affrontement", assure un porte-parole de l’Isaf à Kandahar, David Marsh.