Régions

Les Igoudar de Chtouka

D’une architecture humble et majestueuse à la fois, les Igoudar illustrent le savoir-faire et la richesse de l’architecture amazighe. Vestiges d’antan où se mélangent les matériaux de la région (pierre et terre), ils constituent de précieux monuments historiques de la région du Souss et sont un témoignage vivant d’un patrimoine architectural de grande valeur. Ces greniers qui ont résisté à l’érosion du facteur temps et qui ont su s’adapter à leur environnement, ont joué un rôle primordial dans la vie de la population locale en servant de réserves pour l’alimentation et, parfois, de refuge pour les femmes, les enfants et les personnes âgées qui fuyaient les attaques des autres tribus.
Vivant de l’agriculture, les berbères de la région ont mis en place une architecture leur permettant de répondre à deux objectifs de survie. Le premier étant la conservation de leurs récoltes pendant les périodes de grande sécheresse et de vache maigre, alors que le deuxième était purement sécuritaire. La construction, l’organisation et le bon fonctionnement des Igoudar, attestent
d’un savoir-faire ancestral qui s’est transmis de génération en génération. C’est la «Jamâa» (assemblée collective des habitants du douar), qui décide la construction de ces greniers et veille sur leur bonne marche et leur entretien. Elle désigne également la personne, généralement un artisan du douar, qui a pour mission de veiller sur leur sécurité. Ce gardien du temple qui est payé en nature (il reçoit une part de la moisson annuelle), a ainsi l’occasion d’exercer son métier en servant de ces greniers comme ateliers de travail. Chaque famille dispose d’une chambre dans ces greniers où elle dépose ses petits trésors : bijoux, munitions, armes et denrées alimentaires précieuses (amandes, huile d’olive, etc…).
«Les Igoudar sont traversés par un couloir central avec une cour qui permet à l’air et à la lumière de pénétrer dans le local avec sur le côté de l’entrée principale une petite cavité aménagée dans le mur pour atteindre la serrure en y introduisant la main», explique Hassan Wahbi, enseignant universitaire. Construit en trois étages, les pièces sont perpendiculaires au couloir central et sont munies d’escaliers et d’une petite fenêtre pour l’aération et pour laisser entrer les chats qui avaient pour mission de lutter contre la prolifération des souris et autres rongeurs.
Les Igoudar sont également dotés d’une mosquée et d’une citerne d’eau. Si ces greniers ont joué jadis un rôle important dans la vie des berbères de la région, ils sont devenus actuellement des vestiges et des symboles, en harmonie avec leur environnement primaire. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer leur rénovation et leur intégration dans les circuits touristiques.

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