Chroniques

Un vendredi par moi

Un lecteur algérien, Samaïl, nous fait le plaisir de suivre  «de temps en temps» les articles d’Aujourd’hui Le Maroc et «notamment ceux consacrés à [son] pays, l’Algérie.» On ne peut, donc, que prendre acte de la prière qu’il nous fait «de ne pas heurter la sensibilité de certains de [nos] lecteurs, algériens en l’occurrence, qui se hasardent sur notre journal par la magie de l’Internet, et dont [nous connaissons] parfaitement la fierté inébranlable et le NIF typiquement algérien.» Ce qui l’indispose, c’est une «une certaine attitude franchement anti-algérienne; et une forme [qu’il qualifierait] de haine doublée d’une aigreur mal dissimulées.» Ce qu’il étonne, c’est que nos «journalistes et particulièrement messieurs Khalil Hachimi et [votre serviteur], des personnes censées être classées comme intellectuelles, utilisent un style nauséabond et de caniveau, en caricaturant à outrance et en dénaturant des réalités plus que palpables.» Inobjectifs, sommes-nous donc. Possible.

Pour des raisons si évidentes que je n’y reviendrai pas ici, je m’étonne que notre ami algérien s’étonne. Mais du moment que c’est un lecteur presque régulier et un correspondant assidu, on va exaucer son vœu d’objectivité. La Confédération algérienne des cadres de la finance et de la comptabilité vient d’organiser un débat sur le thème gouvernance et démocratie. Parmi les participants, Ahmed Benbitour. Ancien chef du gouvernement et économiste émérite, il a dressé, écrit AlWatan, un constat sans appel sur la situation en Algérie. Une situation qu’il a qualifiée «d’impasse». Sur le plan interne, souligne M. Benbitour, «le matelas financier important dont jouit le pays sert à acheter le silence, à l’heure où la classe politique a prouvé son incapacité à rallier la base populaire. Qu’il n’existe pas en l’état actuel des choses des institutions capables de mener vers le changement ou le progrès.  Le système a acquis l’art de se maquiller en démocratie de façade». La journaliste Safia Berkouk a résumé son constat en rapportant que «corruption, gaspillage des ressources naturelles et humaines, faiblesse chronique de la planification et de la gestion sont autant d’éléments qui caractérisent le système algérien incarné par le pouvoir en place. Un système rentier qui use de la rente pétrolière pour museler la société civile.» On le voit, la situation n’est guère reluisante, mais la critique ne peut être qualifiée de nauséabonde. L’encre est algérienne.

Malgré les tensions, en dépit des polémiques, l’Algérie a accueilli une semaine culturelle du Maroc, les hommes d’affaires marocains se sont rendus en grand nombre à la foire d’Alger et la semaine algérienne à la foire internationale de Casablanca (du 26 juin au 1er juillet) voit la participation de 80 entreprises algériennes dont 34 institutions et organismes publics. Ce n’est pas nouveau, l’argent ne connaît pas de frontières, même quand elles sont fermées. Tout n’est, donc, pas perdu. Un jour, on finira par décrocher ennemis de frères pour ne garder entre nous que les sentiments qu’impose la fraternité.

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