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Grande-Bretagne : Gordon Brown, le message de «bienvenue» d’Al Qaïda

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Alors qu’une intense chasse à l’homme est à l’œuvre en Grande-Bretagne pour démêler les fils des attentats ratés à la voiture piégée qui ont visé le pays, de nombreuses interrogations continuent de planer sur  cette affaire, rendant encore plus opaque le voile de mystères qui l’entoure et plus aigues les inquiétudes qu’elle suscitent. Alors que l’enquête policière s’emballait avec une grande rapidité et enregistrait des progrès notables par l’arrestation dans un temps record de cinq individus, le nouveau Premier ministre Gordon Brown était le premier à avoir évoqué avec certitude  l’existence des liens entre ces attentats et le réseau Al Qaïda : «Je ne veux pas commenter l’enquête de police qui est en cours, mais il est clair que nous avons affaire d’une manière générale à des personnes qui sont associées avec Al Qaïda dans un certain nombre d’incidents survenus dans le monde entier». La première interrogation concerne le timing de ces opérations. La Grande-Bretagne venait juste de vivre une passation de pouvoir entre un Tony Blair usé par dix années de pouvoir, qui s’est reconverti en envoyé spécial du Quartette au Proche-Orient et son ancien ministre des Finances Gordon Brown. Le premier est connu pour avoir animé, en compagnie de G. Bush, l’invasion de l’Irak, le second pour avoir exprimé des réserves sur cette aventure et indiqué clairement son intention de concevoir un calendrier de retrait des forces britanniques d’Irak. En termes de message politique, la tentation est grande de rappeler et d’établir des parallèles avec l’attentat d’Atocha en Espagne en 2004 qui avait réussi à dérégler le calendrier politique. Zapatero avait vaincu Aznar et procédé au retrait des soldats espagnols d’Irak. La seconde interrogation concerne l’identité des auteurs. De nombreuses informations contradictoires circulent sur ces poseurs de voitures piégées. S’agit-il d’enfants de l’immigration nés et élevés en Grande-Bretagne comme c’était le cas lors des attentats du 7 juillet 2005 dans le métro de Londres au lourd bilan de 52 morts et de 700 blessés ? Ou bien est-il question d’éléments étrangers qui se seraient infiltrés dans le territoire britannique pour y commettre ces méfaits ? S’agit-il d’Indopakistanais britanniques ou de Kurdes iraniens étrangers  Dans le premier cas, les observateurs pointent l’échec du modèle d’intégration multiculturel  britannique, dans le second, une faillite sécuritaire policière. Dans les deux cas, la menace de durcir la législation antiterroriste accompagnée de la montée irréversible d’une islamophobie agressive est réelle.
La troisième interrogation touche au mode opératoire choisi par les terroristes et son efficacité. L’intention de provoquer un carnage était manifeste. Si la voiture piégée rappelle l’enfer irakien, de nombreux spécialistes ont pointé l’amateurisme avec lequel ces opérations étaient menées. La détermination des kamikazes à mourir tranche ouvertement avec leur efficacité. Une absence de maîtrise de la culture de l’explosif et des techniques de détonations montre les limites de ce que Louis Caprioli, un ancien patron de la DST française, appelle «l’auto-formation sur Internet». Cette situation rassure et inquiète à la fois. L’amateurisme des uns ne doit pas cacher l’existence de ce réservoir de jeunes au sein de la société britannique, prêts à servir de chair à canon pour l’idéologie terroriste.  Ces attentats ratés ont eu un effet d’onde de choc immédiat. D’abord en France où la ministre de l’Intérieur Michelle Alliot-Marie avait convoqué une réunion des principaux directeurs des services de sécurité avant de faire ce constat : «Pour aujourd’hui, même si aucune menace particulière ne pèse sur notre pays, la France reste une cible potentielle du terrorisme (…) Nous nous sommes réunis pour faire un point de la situation des risques pesant sur notre pays et évoquer les moyens nouveaux pour renforcer éventuellement les moyens de lutter contre le terrorisme». Pour le président américain G. Bush, ces attentats renforcent des évidences: «Cela montre simplement que la guerre contre ces extrémistes continue (…) Vous ne savez jamais où ils peuvent essayer de frapper, et je suis reconnaissant au gouvernement de Gordon Brown de sa réaction très ferme aux tentatives de ces gens».

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