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Des promesses qui valent de l’or

«Je ne connais personne parmi elles, M. le président, je ne sais pas pourquoi elles m’accusent», s’interroge Najib devant le tribunal. Il n’a en fait pas hésité à clamer son innocence devant le juge de la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Casablanca. Il a même nié en bloc avoir rencontré ces victimes qui le pointent du doigt et de leur avoir soutiré des milliers de dirhams contre des promesses d’obtention de visas pour émigrer vers l’Europe.
Le président du tribunal, qui feuillette le procès-verbal, le scrute attentivement avant de l’interroger sur les raisons pour lesquelles ces dizaines de victimes l’ont choisi pour le mouiller dans une affaire d’escroquerie.
«As-tu des antécédents judiciaires?». Cette interrogation posée par le tribunal semble avoir perturbé Najib, parce qu’il est un repris de justice qui a déjà purgé deux peines d’emprisonnement pour le même motif. «Mais j’ai renoncé depuis longtemps et la police a écrit ce qu’elle voulait sans m’interroger», réplique-t-il.
A-t-il raison ou tort ? Et le président commence à lire ce qui est consigné dans le procès-verbal : «Tu es né en 1968 à Kasbat Tadla, père de deux enfants. Tu as quitté l’école au primaire. Tu as été condamné la première fois en 1999 à dix mois de prison ferme pour escroquerie, la deuxième fois à dix-huit mois de prison ferme pour le même motif…Qui a révélé ces informations à la police si ce n’est pas toi ?».
En écoutant le président du tribunal, Najib se contente de hocher la tête en signe de confirmation avant de répondre que la police ne l’a interrogé que sur son identité avant de l’obliger à signer le PV. Et le président a continué la lecture des faits consignés dans le procès-verbal en précisant que Najib a rencontré ses victimes dans un café du centre-ville de Casablanca, qu’il lui a permis de tisser des relations avec des fonctionnaires de divers consulats et de différentes administrations publiques qui n’hésiteraient soi-disant pas à l’aider à avoir des visas pour ses proches. Mais, Najib a continué à nier avoir déclaré quoi que ce soit à la police et qu’il avait signé sur des propos qu’il ignorait.
Le juge a ajouté que Najib avait promis à un certain Abdelmalek un visa pour l’Espagne contre cinquante mille dirhams, qu’il lui a demandé de lui emmener des photocopies de sa carte d’identité nationale, de son passeport, de son attestation scolaire, dix photos d’identité et un acompte de dix mille dirhams.
Najib a continué à se disculper, bien que le président du tribunal lui ait étalé toutes les affaires où il est accusé d’escroquerie. Najib, qui se tenait au box des accusés en t-shirt bleu, jean et sandales en cuir noir, continuait à accuser ses victimes d’avoir inventé l’histoire d’escroquerie pour le jeter derrière les murs de la prison. «Ils n’ont pas de preuves M. le président», a-t-il dit. Il les a même qualifiés de menteurs.
Mais pourquoi une dizaine de victimes, qui ne se sont jamais rencontrées, ont décidé de porter plusieurs plaintes contre lui s’il ne les a pas vraiment filoutées ? S’est interrogé le substitut du procureur du Roi lors de son réquisitoire.
L’avocat de Najib a réclamé l’acquittement au profit du doute puisque son client a nié les charges retenues contre lui devant le tribunal et a déclaré avoir signé le PV de son audition en ignorant les propos qui y étaient rapportés. Ses victimes ont-elles tort ? Non, sans aucun doute puisqu’elles n’ont aucun intérêt à l’accuser gratuitement. C’est la raison pour laquelle le tribunal a jugé Najib coupable d’escroquerie avec récidive et l’a condamné à trois ans de prison ferme. Quand il sera libéré, renoncera-t-il à l’escroquerie pour autant ?

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