Chroniques

Label marocanité : Ouverture africaine

L’imaginaire marocain est cloîtré entre le modèle arabe et les références occidentales. Notre proximité avec l’Europe accentue l’attraction et favorise le pastiche. L’arabité, bien qu’entretenue mythiquement, est tout de même superficielle chez le Marocain. Elle n’est en réalité que le corollaire de son islamité. La diversité et la richesse culturelles qui constituent un atout pour une nation ne sont pas assez valorisées. La situation géographique du pays est une chance singulière. Mais elle est comme contrariée par les conjonctures de l’Histoire : Un conflit au Sud, un voisin belliqueux à l’Est, la Méditerranée et l’Atlantique qui enserrent le territoire sur ses flancs nord et ouest, ce qui finit par produire chez nous un sentiment d’insularité. Et puis, il y a la part africaine de nous mêmes. Il nous arrive presque de l’oublier. C’est grâce à un séjour au Rwanda, où ces lignes s’écrivent, que j’ai mesuré l’ampleur de cette omission.
Oui, il y a l’Afrique. Noire surtout. Le voyage est une bénédiction et une chance. C’est aussi une école irremplaçable. Il agit comme un antidote contre les préjugés et les pensées toutes faites. Voyager est une forme d’hygiène contre le nombrilisme et le repli sur soi. Cela permet de relativiser les choses, ce qui est le meilleur remède contre l’auto-flagellation. J’ai donc une nouvelle certitude. Le Maroc doit se retourner vers l’Afrique. Il a beaucoup à y gagner. Sur tous les plans.
Donc le Rwanda ! Quelle escapade bouleversante. Ce pays est tellement petit qu’on a du mal à l’identifier sur le vaste continent. Cela ne l’a pas empêché de rentrer dans l’Histoire par les tous les orifices du mal et du démon. Ce qui s’est passé ici est une barbarie pure et insoutenable. Ce pays a donné à l’horreur ses titres de noblesse et à la monstruosité son sens encyclopédique. J’ai toujours été en délicatesse avec l’expression «l’homme est un loup pour l’homme». Jamais le loup ne serait capable d’une telle œuvre. C’est plutôt le loup qu’il faut préserver de ces instincts humains.
Les rwandais ne sont pas des monstres. Ils sont trop humains. D’une affabilité infinie, avec des hommes sveltes et gracieux et des femmes affolantes, comment un peuple si gentil a-t-il pu en arriver là ? D’ici, cette question touche à l’universalité. La tragédie rwandaise est une donnée universelle. Ce qui s’est passé ici est possible dans toute société qui n’a pas un ferment identitaire solide. Et en particulier dans celles qui s’amusent à exhiber ostentatoirement les différences irréductibles.
Enfin, il y a la vie. Le climat est doux et les averses sont quotidiennes. Le pays au mille collines luxuriantes n’a pas une goutte de pétrole. Mais rares sont les mendiants. Pays pauvre mais digne. Pauvre mais propre. Pas un papier ne traine sur l’asphalte. C’est dire que saleté ne rime pas avec pauvreté. Le salaire moyen est de 50 dollars et la baguette de pain peut coûter jusqu’à 5 dirhams. La vie est chère et le Rwandais ne mange paraît-il qu’une fois par jour. Ils ont pourtant un sourire ravageur. Ce sourire là, il est le symbole du triomphe de la vie sur la mort.

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